Ecrivain et éditeur,
Ernest Florian-Parmentier (pseudonyme de Serge Gastein) fonda, quelques années avant le futurisme, l'
Impulsionnisme. Son
Manifeste de 1904 aspirait à donner à la pensée sa forme la plus élevée lorsque l'intuition de l'essence infinie, "saisie par la conscience devient mouvement, créateur, impulsion", écrit
M. Decaudin. Sa naissance à
Valenciennes, en 1879, explique sans doute son empathie pour l'oeuvre de son concitoyen sculpteur, mais en lisant l'exergue de son ouvrage, publié une première fois en 1910, on comprend à quel point
Florian-Parmentier (1879-1951) nous livre
mezza voce sa vision singulière d'un "Carpeaux impulsionniste".
"Il y a dans le
Nord de la France, une cité privilégiée qui a donné le jour à une centaine d'illustrations dans toutes les branches de l'art, des lettres et de la science. Cette ville, qu'on a justement surnommée "l'Athènes du Nord", c'est Valenciennes [...]
Carpeaux y est né au moment où une puissance mystérieuse y entraînait toutes les énergies vers la conquête d'une suprématie industrielle [...] La jeune intelligence du futur statuaire s'est donc nourrie des substances qui, jour par jour, constituaient la
Valenciennes métallurgique, houillère et commerçante d'à présent. Mais en même temps, ses yeux s'ouvraient aux beautés graves de la vieille ville évoquant, à chaque pas, l'occupation espagnole, le passage des gens de guerre, les couvents de jadis, les dentellières d'antan [...] Et, comme
Valenciennes lui avait offert le contraste d'une activité fiévreuse et d'une pénétrante poésie,
Carpeaux nous a laissé une oeuvre caractérisée par deux qualités apparemment inconciliables : un mouvement frénétique et la grâce. Cet artiste fut le premier qui ait réussi à unir la puissance d'un Rubens au charme élégant d'un
Watteau."