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Bror Hjorth Martinie A H

Bror Hjorth Martinie A H

Bror Hjorth
Martinie, A.-H.


Au Portique, Paris, 1930.


In-12, brochure avec agrafes, 15 pp.
Avec 6 planches pleine-page en noir et blanc in texte (clichés G. Allié).
Catalogue d'exposition de la galerie "Au Portique", 99 bd Raspail - Paris (du 1er au 14 février 1930).
Assez bon état. Rousseurs importantes sur le premier plat, intérieur assez frais.



Livre non disponible
Comme son compatriote Carl Milles, le sculpteur suédois Bror Hjorth (1894-1968) a étudié la sculpture à Paris pendant quatre ans. Au début des années 20, l'atelier de Rodin, cher à la génération précédente, avait désormais cédé la place à l'atelier de Bourdelle. Une statuette représentant ce dernier, attaquant curieusement la pierre en taille directe, évoque cette filiation esthétique en guise d'hommage. Les accents modernistes de l'oeuvre de Hjorth seront de plus en plus associés aux couleurs vives de l'art populaire scandinave, donnant ainsi à son oeuvre un caractère singulier sinon étrange. En 1943, le sculpteur se fit construire une maison-atelier en bois peint rouge et jaune à Uppsala par l'architecte Sten Hummel-Gumaelius, demeure-musée dans laquelle est conservé aujourd'hui l'oeuvre de cet artiste.


La préface du critique et historien de la sculpture A.-H. Martinie, auteur d'une histoire de la sculpture figurative du début du XXe siècle (voir la notice qui lui est consacrée), évoque évoque l'influence limitée de Bourdelle sur Hjorth : "Mais si l'influence de ce dernier se discerne ici et là, je dirai, reprenant l'expression si juste d'un sculpteur de mes amis, que Hjorth accompagne mais ne suit pas. [...] Avec un naturel et une liberté de mœurs qui nous déconcertent, il n'admet aucune borne à la sculpture."


Cet éloge par le préfacier de "l'élan concentré et comme froidement sauvage, [qui] suit son instinct"   tient du poncif d'époque qui oppose l'"instinct"  et le vitalisme nordiques à une latinité exsangue ("chaque oeuvre sincère est la messagère de toute une race", ajoute Martinie). Ce discours n'est pas sans faire penser aux errements de Waldemar George qui dénonçait plus tôt l'école de Paris comme fabrique d'uniformité et source d'universalisme "abâtardi" et qui en arrivait à "saluer toutes les différences  : françaises, juives, italiennes, américaines" (Gladys Fabre, "Qu'est-ce que l'école de Paris?" in L'école de Paris, 1904-1929, MAMVP, 2000, p. 39) pour mieux opposer l'école de Paris à la tradition française. "Ce que je peux dire", ajoute Martinie pour enfoncer le clou, "tend à montrer que Hjorth est un sculpteur fidèle à son origine. C'est beaucoup et d'un réel courage, si l'on tient compte du magma cosmopolite où s'embourbent tant d'artistes [...]"