Archiviste-paléographe de la promotion de 1905, Georges Espinas (1869-1948) entra au ministère des Affaires étrangères où il effectua la totalité de sa carrière, à la bibliothèque puis aux archives. Parallèlement à sa carrière au Quai d'Orsay, Espinas consacra ses loisirs à son activité d'historien ; son thème de recherche de prédilection fut l'histoire urbaine médiévale. Au moment de choisir son sujet de thèse à l'école des Chartes, Espinas entra en contact avec l'historien belge Henri Pirenne, qui lui conseilla d'étudier le passé de la ville de Douai.

En 1902, sa thèse donna lieu à un livre : Les finances de la ville de Douai, des origines au XVe siècle, ouvrage qui renouvela en profondeur l'histoire des villes du Sud de la Flandre et l'histoire urbaine médiévale en général. Ce disciple orthodoxe de Pirenne mettait toujours l'accent sur les facteurs économiques et sociaux dans le développement urbain. En 1931, Espinas achevait sa somme sur Douai : La vie urbaine de Douai au moyen âge, en quatre volumes. Hormis d'autres études sur les cités de Lille et de Saint-Omer, Espinas devint également l'historien de l'industrie drapière flamande.

Avec Pirenne, il publie les quatre volumes des Recueils de documents relatifs à l'industrie drapière en Flandre ( Bruxelles, 1906-1924) ; son essai sur La draperie dans la Flandre française au moyen âge paraît en 1923.
"La draperie du Hainaut", écrivait l'historien belge François Ganshof dans sa notice nécrologique, "a bénéficié, elle aussi, de l'activité d'Espinas, qui nous a donné un recueil de Documents relatifs à la draperie de Valenciennes, au moyen age (1931)"
Très proche de Pirenne et de l'historiographie belge, Espinas fut accueilli, dès 1927, à l'Académie royale de Belgique parmi ses associés étrangers ; en 1935, il était reçu docteur honoris causa à l'université de Gand.