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Musée d'Anvers
Bürger, William (Théophile Thoré)
C. Muquardt, Bruxelles, Leipzig, Gand et Vve Jules Renouard, Paris, 1862.
In-12 broché, 201 pp.
Rare exemplaire.
Bon état. Dos restauré, quelques rousseurs.
Livre non disponible
Cet ouvrage du critique d'art Théophile Thoré (1807-1869), publié sous le pseudonyme de William Bürger, s'inscrit dans une série d'études consacrées aux principaux musées et collections de l'Europe du Nord : Trésors d'art exposés à Manchester, en 1857, Musées de la Hollande, en 1858, Etudes sur les peintres hollandais et flamands - Galerie d'Arenberg, à Bruxelles avec le catalogue complet de la collection, en 1859, Trésors d'art en Angleterre, en 1862... L'édition brochée du Musée d'Anvers, publiée en 1862, faisait suite à une publication luxueuse du même auteur, publiée également par la librairie Muquardt de Bruxelles : Le Musée d'Anvers, collection des quarante tableaux principaux, photographiés par E. Fierlants et accompagnés d'un texte descriptif par W.Burger. Partisan enthousiaste de la photographie, Théophile Thoré préfigurait à sa manière le rêve de Malraux : "Pour avoir l'image fidèle d'un tableau, il faudrait en confier la reproduction à un miroir. C'est la photographie! [...] Beaucoup d'artistes affectent de mépriser la photographie, peut-être parce que sa sincérité est redoutable et cruelle, et qu'elle montre la nature sous des aspects à la fois très mystérieux et très réels. Mais c'est précisément cette franchise de la photographie qui fait son attrait et qui la recommande aux curieux comme le vrai moyen d'obtenir un fac-simile des oeuvres [...] C'est pourquoi, voulant populariser les tableaux célèbres du musée d'Anvers, la librairie Muquardt de Bruxelles a publié un magnifique ouvrage, très grand in-folio, avec quarante photographies [...] Les photographies du Musée d'Anvers, exécutées avec une expérience consommée et un goût parfait, sont des merveilles, bien intéressantes pour les amateurs et les gens du monde, bien précieuses pour les artistes, bien instructives pour les critiques voués à l'histoire de l'art. Voilà désormais quarante tableaux qu'on peut pour ainsi dire transporter partout, quarante images exactes qu'on peut comparer à d'autres tableaux, quelque part qu'ils soient. C'est la première fois qu'on a entrepris l'illustration d'un musée par la photographie." Cette ubiquité inespérée de l'oeuvre d'art devait permettre, aux yeux du redécouvreur de Vermeer, de "rectifier les attributions fautives, saisir les analogies ou les divergences des écoles, éclaircir en même temps la biographie, l'histoire et même l'esthétique, comprendre le passé et préparer l'avenir." Ce livre de luxe, "dont la magnificence n'était surpassée par aucune publication de la librairie européenne", était destinée aux bibliothèques, académies et autres établissements publics. Esprit républicain soucieux de diffusion du savoir, Thoré avait cependant "écrit pour être lu." En conséquence, affirme-t-il, "nous avons voulu mettre notre travail à la portée des artistes et des collectionneurs en le publiant dans le même format que nos petits livres sur les Musées de la Hollande, sur les Trésors d'art en Angleterre..." Même s'il discute dans le détail nombre de leurs affirmations, l'auteur rend hommage dans la préface au travail de ses devanciers anversois, qui avaient rédigé un catalogue magistral du musée d'Anvers en 1857. "Grâce à l'érudition patiente et perspicace des rédacteurs du Catalogue du musée d'Anvers, les biographies de la plupart des maîtres flamands sont aujourd'hui débrouillées." Sur le seul plan de l'histoire de l'art, Thoré rejoint le point de vue dépité des auteurs de l'Académie des beaux-arts d'Anvers au sujet de l'état d'avancement de l'érudition aux Pays-Bas, ce pays "de sauvages originaux" où il faut encore "trouver presque tout".