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L art flamand et la France Gillet Louis

L'art flamand et la France
Gillet, Louis


G. Van Oest et Cie, éditeurs, Paris, 1918.


In-8, broché, 46 pp.
Rare plaquette. Avec 6 planches en noir et blanc en hors-texte.
Bel exemplaire. Deux cachets de bibliothèque en page de titre, des rousseurs éparses.


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Cette plaquette reprend une étude publiée par la Revue des Deux Mondes, le 1er mai 1918.


Figure emblématique de l'"écrivain d'art", Louis Gillet (1876-1943) collabora pendant près de quarante ans à la Revue des deux mondes (1904-1943). L'art et la littérature étrangère constituaient les deux domaines privilégiés de ses chroniques, réputées et appréciées pour leur culture humaniste. Son amitié enthousiaste avec Romain Rolland, consécutive à son entrée à Normale supérieure en 1895, ne résista pas au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Patriote fervent et catholique, Gillet refuse la volonté de Rolland de se tenir "au-dessus de la mêlée." Dans L'Art flamand et la France, court essai publié initialement dans la Revue des deux mondes en mai 1918, les accents nationalistes et anti-germaniques permettent de mesurer le fossé qui séparait désormais les deux hommes. Le choix d'un tel sujet ne doit rien au hasard : Gillet, qui réside en Flandre pendant la guerre, a découvert à cette occasion la culture flamande ; il n'aura désormais de cesse de la promouvoir auprès des lecteurs français. Sa collaboration répétée aux très barrésiens Cahiers de l'Amitié de France et de Flandre, fondés en pleine guerre par l'écrivain et historien d'art valenciennois André Mabille de Poncheville (1886-1969), constitue l'une des manifestations les plus visibles de cet attachement nouveau pour le monde flamand et néerlandais. Après avoir participé à un numéro collectif autour de la reconstruction de Louvain, Gillet consacrera plus tard un Cahier à Watteau, à l'occasion de la célébration du tricentenaire de la mort du peintre à Valenciennes en 1924. Devenu l'une des figures tutélaires du régionalisme dans le Nord de la France, Poncheville aspirait à démontrer que la Flandre toute entière appartenait à la culture française. Alors que certaines composantes du nationalisme flamand tendaient au contraire à se rapprocher de l'Allemagne, l'objectif recherché par Poncheville était naturellement de "galliciser" la Flandre. L'essai de Gillet, qui instrumentalise l'histoire de l'art à des fins politiques, s'inscrit dans une logique assez semblable. L'auteur s'attache d'emblée à dénoncer les dérives idéologiques dont userait ad nauseam l'histoire de l'art allemande : "De toutes les manoeuvres d'opinion qui préludent à sa politique flamande, la plus curieuse est peut-être le mouvement tournant par lequel l'Allemagne essaye, depuis un siècle, de s'incorporer l'art flamand. Que n'a t-elle pas tenté pour s'annexer ces grandes écoles de Bruges et d'Anvers et pour en faire une manifestation du génie germanique! L'Allemagne a toujours souffert d'être une artiste médiocre ; rien ne lui est plus pénible que son manque de talent (...) Entre tant d'essais avortés dont témoigne son histoire, l'art flamand lui apparaissait comme une revanche heureuse de son propre génie. De toute la famille germanique, les Flamands étaient de beaucoup les mieux doués pour les arts : ils semblaient aux Allemands des frères qui avaient réussi (...) Or il se trouve qu'en dépit des prétentions allemandes, l'art flamand n'a guère eu de commun avec l'Allemagne que les innombrables emprunts que celui-ci lui a fait". Et Gillet de poursuivre, empruntant selon un phénomène classique la rhétorique de l'ennemi au point de finir par lui ressembler : "Au contraire, , c'est avec la France que l'unissent des rapports séculaires et ininterrompus. On n'a pas oublié les expositions de "primitifs" qui eurent lieu un peu partout il ya une quinzaine d'années, celle de Bruges en 1902, et deux ans plus tard celle du pavillon de Marsan (...) La France, la Flandre y étaient intimement mêlées. Mais les rapports des deux écoles ne se sont pas bornés à l'époque des origines. Les échanges se poursuivent jusqu'à nos jours avec une régularité qui semble une condition de la nature de chacune d'elles. Il y a là une sorte de mariage où il est difficile de dire lequel des deux époux a donné davantage." Le réalisme que l'on associe à l'art flamand ne serait donc, si l'on suit Gillet, qu'un apport de Paris : "Et ce que la Flandre a de naturaliste, on peut dire qu'elle se l'est donné parce qu'il lui a plu ainsi, par un choix de son goût et de sa volonté, et qu'elle en a reçu les premières leçons et les exemples de Paris." L'attachement tout relatif à la vérité dont se prévaut Louis Gillet dans cet opuscule fait de cette étude un document précieux pour l'histoire de l'histoire de l'art.

 



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