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Renee Sintenis Crevel Rene

Renée Sintenis
Crevel, René


Editions de la NRF, collection "Les sculpteurs nouveaux - Sculpteurs allemands", Paris, 1930.


In-12, broché sous couverture illustrée en noir, 63 pp.
Edition originale courante.
Avec le portrait gravé sur bois de l'artiste par Georges Aubert et env. 25 planches en noir et blanc en hors-texte.
Bon état. Dos frotté avec petit manque de papier, pli angulaire sur deux pages.



Livre non disponible
René Crevel a écrit cet opuscule à Leysin, dans le canton de Vaud. Si l'on excepte les quelques semaines passées à Lausanne pour une intervention chirurgicale, Crevel séjourna dans cette "ville-sanatorium" de juillet 1929 à mars 1930. Malgré les six aquarelles de Marie Laurencin qui lui avaient permis de métamorphoser agréablement sa chambre, le désarroi et un sentiment de profonde solitude succédèrent à son enthousiasme initial. En 1930, l'écrivain devait publier deux textes sur la sculptrice allemande Renée Sintenis (1888-1965). Commandé par le galeriste Alfred Flechtheim afin de lui venir en aide sur le plan financier, le premier texte fut traduit en allemand par Mopsa Sternheim et publié à Berlin avec 32 planches. Malgré ses propos ironiques : "I was writing something for business", Crevel était plus que reconnaissant envers le marchand berlinois. Le second texte, publié par Gallimard dans la collection "Les sculpteurs nouveaux", portait également la mention "Leysin, août 1929." Evoquant le texte traduit en Allemagne dans son Essai de bibliographie des écrits de René Crevel, Etienne-Alain Hubert mentionne que "cet essai est, en gros, identique à celui qui est publié en France. Toutefois, un long passage correspondant aux pages 9-10 de l'édition française fait défaut dans l'édition berlinoise. En revanche, cette dernière procure une fin beaucoup plus développée."
Elève de l'Académie de Berlin de 1908 à 1911, Renée Sintenis devint une personnalité remarquable de la scène artistique berlinoise des années vingt et trente. Elle se consacra essentiellement à la sculpture animalière et au portrait, sans oublier les statuettes d'athlètes. A l'instar de sa confrère Jane Poupelet, elle rompit avec la sauvagerie de la nature promue par les artistes romantiques au profit d'une vision beaucoup plus sereine qui semble libérer l'animal de toute vélléité de prédation humaine. Parfois éloignées de ces attitudes paisibles, ses figurines d'athlètes témoignent cependant avec mesure de  la beauté classique du corps masculin en plein effort. Son art refusait  le pathos, la démesure et la disproportion anatomique dont useraient certains de ses compatriotes soucieux d'idéaliser en sculpture un corps guerrier aux antipodes de la culture humaniste.
Renée Sintenis fut une des rares femmes à occuper des fonctions d'enseignement à l'Académie berlinoise. Malgré son éviction en 1934, elle put reprendre dès l'après-guerrre sa carrière artistique et pédagogique dans l'ancienne capitale.