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L'Hôtel de ville de Valenciennes. Un emblème au mépris du temps

Beaussart, Ph. et al.


Ville de Valenciennes, 1993.


In-4, brochure agrafée sous couverture illustrée en couleurs, 23 pp.
Avec 24 illustrations en noir et blanc in texte.
Bel exemplaire.



Livre non disponible
Cette grande brochure érudite et épuisée constitue un catalogue à part entière. Elle accompagnait l'exposition qui s'est tenue à la mairie de Valenciennes de septembre à octobre 1993, réunissant les contributions d'historiens d'art, archéologues et archivistes.


Avec le beffroi, qui s'est effondré en 1843, la halle échevinale symbolisait la puissance économique et l'autonomie politique de la cité marchande du Hainaut au Moyen Age. Enrichie par l'industrie drapière et le négoce du blé, Valenciennes fit édifier ou réédifier une halle destinée au collège échevinal en 1277, sous la comtesse Marguerite de Flandre. C'est la maison échevinale que magnifiera Guichardin -au XVIe siècle- dans sa  Description de tous les Pays-Bas autrement appelez La Germanie inférieure : "Sur tous est superbe et magnifique l'hostel public qui est sur le marché et appelé la halle [...] qui est preuve évidente de la bonne police, splendeur et magnificence des habitans de Valenciennes." (cité p. 8)


Pour effacer en quelque sorte le souvenir des soulèvements calvinistes de la seconde moitié du XVIe siècle, le prévôt de Valenciennes -qui est alors une cité méridionale des Pays-Bas espagnols dirigés par les archiducs Albert et Isabelle- fera rebâtir l'édifice à partir de 1612. "A quelques lieux de la frontière de la France, la maison échevinale de Valenciennes allait inscrire dans sa façade le goût flamand, grâce aux traits de plume d'un architecte venu d'Anvers, François Vanpaeche."


Avec le développement industriel du XIXe siècle et la nouvelle puissance économique de ce chef-lieu, se posera à nouveau la "question de l'Hôtel de ville". Chargé de cette reconstruction sous Napoléon III, l'architecte Batigny avait décidé de conserver cette empreinte culturelle flamande jugée indissociable de l'identité de la ville. Le choix de restaurer la façade et ses abondantes sculptures -certes à la façon du XIXe siècle- n'a pas empêché l'architecte d'innover d'autre part grâce à l'adjonction de différents éléments qui devaient modifier en profondeur l'apparence de l'édifice : deux tourelles furent, en effet, ajoutées aux angles et, surtout, on fit appel au sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux pour réaliser le groupe sculpté destiné au couronnement de l'Hôtel de ville : Valenciennes défendant ses remparts. Les articles de Jacques Kunmunch, qui était alors conservateur au musée des Beaux-Arts de Valenciennes, et de J.-C. Poinsignon mettent l'accent sur l'achèvement sans cesse remis et constamment revu à la baisse de cet ensemble sculpté auquel Carpeaux attachait pourtant une telle 'importance. Ses démélés avec l'architecte, l'embarras suscité par cette figure nue dénoncée comme un "attentat aux usages" et  les "coups bas" réels ou supposés du sculpteur Henri Lemaire -son concitoyen et rival- ne purent heureusement mettre à mal ce projet, définitivement adopté en 1870. L'intervention personnelle de son mécène et ami Jean-Baptiste Foucart, "qui n'hésite pas à en appeler à la population en exposant le projet de son ami sur la Grand-Place et qui intervint personnellement auprès de certains adjoints pour tenter de mettre un terme à cette affaire" fut à cet égard déterminante.
Un dernier article de J.-C. Poinsignon met en exergue les principales étapes constitutives du musée installé au deuxième étage de l'Hôtel de ville en 1839  (dénommé musée Carpeaux en 1882), qui présentait l'essentiel des collections artistiques de la ville, jusqu'à l'inauguration du futur musée des Beaux-Arts, en 1909.