J. Schiffrin, Editions de la Pléiade, Paris, 1926.
4 volumes in-12, brochés sous couverture souple, XLII-98, 113, 147 et 198 pp.
Edition originale. Exemplaire numéroté (n°496), dans la traduction de l'écrivain et critique Louis Gillet.
Bel ensemble complet de ses quatre volumes.
Vol. I : Venise ; II : Florence ; III : L'Italie du Centre ; IV : L'Italie du Nord.
Cette publication regroupe les "quatre Evangiles" qui ont consacré la réputation internationale de Bernard Berenson (1865-1959). A sa première étude de 1894 sur Les peintres vénitiens, succédèrent Les peintres florentins de la Renaissance en 1896, puis Les peintres de l'Italie du Centre à la Renaissance en 1897. Le dernier, Les peintres de l'Italie du Nord à la Renaissance, ne devait paraître qu'en 1907. Ces quatres essais présentent une théorie devenue légendaire de l'art italien. Ecrite dans une langue ciselée, cette conception théorique et psychologique des formes artistiques fut influencée notamment par l'esthétisme de Walter Pater et la psychologie de William James. Le point de vue du spectateur sur l'oeuvre et l'oeuvre elle-même demeurent indissociables dans cette vision de la peinture qui érige le critique en collaborateur du peintre. Berenson lui-même se montra sévère avec le premier volume sur Venise, écrit lors de sa vingt-huitième année, dans lequel n'apparaissent que les prémices de sa doctrine esthétique. Le livret sur la peinture florentine reste l'ouvrage capital, dans lequel l'auteur développe sa théorie fameuse de la "décoration" et des "valeurs tactiles" : "Il faut que j'aie l'illusion de pouvoir toucher le sujet [...] avant même de l'accepter comme réel." Son attention aux formes et aux seules valeurs picturales était en rupture radicale avec l'étude iconographique de l'art -qu'il nommait avec dédain "illustration"- et l'érudition de l'école allemande, fondée sur le document d'archives. "Deux mots sur cette traduction, conclut Louis Gillet. Ce n'est qu'après de longs débats que l'on s'est arrêté à la forme présente. L'auteur souhaitait d'abord une édition non illustrée et réduite à un seul volume ; il a même pensé un moment à supprimer l'essai de jeunesse sur les Vénitiens, ou du moins à l'imprimer à la suite des autres, dans un caractère différent. Il semble que le lecteur, une fois averti, aura plaisir à suivre les progrès de la pensée de l'auteur [...]. Dans l'édition anglaise, chaque volume est suivi d'un appendice qui contient la liste des peintres de chaque école [...]. Ces listes ne sont pas loin de représenter, aux yeux du lecteur, la partie la plus personnelle et la plus utile de son ouvrage. C'est assurément celle qui lui a coûté le plus de peines. [...] M. Berenson sait mieux que personne les prodigieuses difficultés que présente une telle entreprise ; il y a consacré sa vie, il ne cesse de corriger ses premières conjectures, de préciser ses rapprochements, de perfectionner ses recoupements et ses comparaisons. Ce soin hante ses jours et obsède ses nuits. Il n'ignore pas que ses listes ne sont encore qu'une approximation assez lointaine, et toujours sujette à révision de la vérité ; leurs états successifs témoignent assez de son scrupule et de ses repentirs."