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Dominique Doncre 1743 1820 Notter Annick et Blazy Simone

Dominique Doncre 1743-1820
Notter, Annick et Blazy, Simone


s.ed., musée des Beaux-Arts d'Arras-muséemunicipal d'Hazebrouck, 1989-1990.


In-8, sous couverture souple illustrée en couleurs, format à l'italienne, 82 pp.
Avec de nombreuses illustrations en noir et blanc et en couleurs in et hors-texte. Il s'agit du catalogue de l'exposition qui s'est tenue au musée municipal d'Hazebrouck d'octobre à décembre 1989 et au musée des Beaux-Arts d'Arras de décembre 1989 à mars 1990 ; 347 oeuvres sont décrites.
Bel exemplaire devenu rare. Avec une tache infime sur le premier plat et deux cachets de bibliothèque sur les premières pages, de rares inscriptions au feutre (des numéros d'inventaire) sur quelques notices.



Livre non disponible
Publié en 1989-1990, ce catalogue d'exposition reste aujourd'hui encore le seul ouvrage disponible sur le peintre Nicolas Doncre (1743-1820). Cette figure attachante d'artiste provincial domina la vie artistique arrageoise à la fin du XVIIIe siècle.


En 1794, Doncre présida également à la création du musée d'Arras, dont il fut le premier conservateur, en participant à la sélection des oeuvres. Le Directoire du district l'avait chargé, le 4 mars 1793, d'estimer les oeuvres d'art provenant des biens saisis des émigrés ; le 20 juin, il eut à faire un choix parmi les tableaux et oeuvres diverses qui se trouvaient à l'abbaye Saint-Vaast


Les archives départementales du Pas-de-Calais ont conservé les inventaires rédigés par Doncre. Ces derniers témoignent de son goût affirmé pour l'art flamand et hollandais, écho direct de sa formation initiale, probablement anversoise. Comme l'indique la préface du catalogue, sa virtuosité dans l'art du trompe-l'oeil et de la grisaille a parfois conduit à écrire que l'artiste "avait travaillé à Anvers auprès de Martin Geeraerts (1707-1791). Certes, ce dernier donna gratuitement des leçons à l'académie d'Anvers à partir de 1741, mais aucun document ne vient confirmer l'hypothèse que Doncre ait été son élève." Après avoir d'abord tenté de se former une clientèle à Saint-Omer, l'artiste ne tarda guère à rejoindre la ville d'Arras, où venait de s'ouvrir une école de dessin à l'initiative des Etats d'Artois. La capitale de la province semble lui avoir réservé d'emblée un accueil qui répondait à ses aspirations : en 1772, Doncre prête serment de bourgeoisie, avant d'être admis à la confrérie de Saint-Luc. Grâce à son introduction dans les milieux aisés de la ville, il réalisera ensuite d'importantes grisailles et décorations murales pour différents hôtels particuliers, dont celui du gouverneur d'Artois, le duc de Lévis. Jusqu'en 1789, il trouva surtout ses commanditaires "dans la noblesse de robe locale et plus particulièrement dans le milieu du Conseil d'Artois, parmi la noblesse récente issue des commerçants et hommes d'affaires locaux. La noblesse ancienne [...] faisait-elle davantage appel à des artistes parisiens ou d'ailleurs?" De 1780 à 1785, le jeune Boilly s'est rendu à Arras, appelé par Mgr de Conzié, afin de réaliser plusieurs portraits. "A-t-il profité des absences relativement longues de Doncre à cette époque pour se faire une clientèle locale? Celle-ci ne l'a toutefois pas retenu lors de son désir de partir pour s'installer à Paris. Remarquons toutefois que c'est de 1785 que date un des meilleurs trompe-l'oeil de Doncre, qui, d'après la tradition, aurait donné des cours à Boilly.


"Amené à s'adapter aux circonstances politiques, Doncre put poursuivre sous la Révolution, l'Empire et la Restauration sa carrière de portraitiste local. Cependant, si le portrait a constitué la part majeure de son oeuvre, "peinture religieuse, compositions décoratives, scènes de genre forment ensuite plus du tiers restant " de son oeuvre. Sans descendants directs, les oeuvres de Doncre furent dispersées peu après sa mort et l'artiste semble avoir été rapidement oublié. En 1853, "l'académie d'Arras mit au concours une biographie de Dominique Doncre avec appréciation des principaux ouvrages qu'il a produits". En 1868, Constant Le Gentil, un magistrat artésien, publia un ouvrage biographique : Dominique Doncre(1743-1820) ; ce dernier livre fut enrichi en 1902 par un article de l'érudit Victor Advielle. Le catalogue de l'exposition des musées d'Hazebrouck et d'Arras constitue donc la première étude muséographique de cet artiste qui livra le visage de la société arrageoise de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe. La couverture reprend le trompe-l'oeil du musée d'Arras, peint en 1785, une de ses meilleures oeuvres. Comme l'écrit Anne-Marie Lecoq , "les besicles au verre cassé et le cadre mangé par les vers du porte-lettres de Dominique Doncre, font également partie des procédés utilisés dans les exercices de trompe-l'oeil. Mais, par opposition à l'idée de pauvreté et de ruine qu'ils font naître dans l'esprit du spectateur, Doncre a glissé dans le porte-lettres sa propre image, celle d'un homme élégant et fier, accompagnée de la noble devise : "Ego sum pictor", "Et moi, je suis peintre". Si bien que le spectateur ne sait plus comment imaginer le monde autour du tableau, ni le statut social du propriétaire du porte-lettres." (Pierre Georgel et Anne-Marie Lecoq, La peinture dans la peinture, Editions Adam Biro, 1987, p. 249)