Durant la quinzaine d'années qui précédèrent la Révolution, la scène artistique parisienne fut marquée par un phénomène sans précédent : l'affirmation professionnelle de jeunes femmes peintres fermement décidées à en finir avec l'invisibilité et l'amateurisme dans lesquels les maintenait le système académique. L'interdiction faite aux femmes de fréquenter les ateliers où l'on travaillait d'après le modèle nu les avait de facto placées en dehors des cadres conventionnels de la formation artistique ; cet impossible apprentissage enferma longtemps les femmes dans un statut infantilisant d'autodidactes.

Elles se nommaient Anne Vallayer-Coster, Elisabeth Vigée-Le Brun, Adélaïde Labille-Guiard, Gabrielle Capet, Adèle Romany... et toutes ces artistes, si différentes fussent-elles, refusèrent d'être traitées en éternelles mineures vouées aux seuls travaux d'agrément. Cette détermination féminine à faire carrière -et donc à intégrer l'Académie- fut le fait de cette génération d'artistes qui émergea à partir des années 1770.