Ce livre accompagnait l'exposition consacrée, en 1988, au sculpteur René Harvent (1925-2004). "Une statue de bronze présida à ma naissance, affirme l'artiste dans son autobiographie. Je suis né à Mons, place de Flandre, qui, en 1925, était ornée en son centre d'une statue équestre de Baudouin de Constantinople." En 1939, la découverte de l'oeuvre de Rude et du puits de Moïse à la chartreuse de Champmol, lors d'un voyage à Dijon, fut déterminante pour sa formation artistique. En 1941, Harvent rencontrait le peintre symboliste Jean Delville, venu vivre à Mons chez une de ses dernières élèves : "Clovis Piérard proposa de nous mettre en relation. Delville vint chez nous pour la première fois le 3 mai 1941. La semaine suivante, j'étais dans son atelier [...] C'était une oeuvre qui me mettait de plain-pied avec la grande peinture. Je pouvais admirer, vivant, un maître de l'art, lui parler..." Muni d'une recommandation de Delville, Harvent s'inscrit à l'académie de Mons. Après avoir abandonné les cours d'architecture, il suit l'enseignement du peintre Louis Buisseret, directeur de l'institution.
En 1944, Harvent décide de ne plus retourner à l'Académie, préférant se consacrer seul à la sculpture, et installe tant bien que mal son atelier dans la maison familiale de Cuesmes. "Faute de moyens supplémentaires, je n'ai jamais pu me faire construire un atelier et mes sculptures naissent dans le grenier que j'avais aménagé en 1945. Petit à petit, l'activité de l'atelier a empiété sur l'habitation, presque toute entière vouée à la sculpture."
Jusqu'à sa mort en 2004, René Harvent développera une oeuvre figurative d'une grande sensualité, dont le thème prédominant fut le nu féminin. Médailleur reconnu, Harvent s'adonna également à la statuaire monumentale, en particulier à Charleroi -basilique Saint-Christophe (1955)- et à Mons, pour la façade du Palais provincial du Hainaut (1956-1958). L'enseignement qu'il délivra aux académies des Beaux-Arts de Liège et de Mons -avant son éviction en 1975- constitua pour Harvent une expérience contradictoire, à la fois exaltante et désenchantée.