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Un Pelerin d Angkor Loti Pierre

Un Pèlerin d'Angkor
Loti, Pierre


Calmann-Lévy, éditeurs, Paris, 1912.


Grand in-12, broché sous couverture souple de couleur orange, 234 pp.
Edition originale.
Un des cent exemplaires sur papier de Hollande, tous numérotés, seuls grands papiers ; cet exemplaire porte le n° 30.
Bon état. Une déchirure peu visible en couverture et une semblable en quatrième, usure des coiffes, plus marquée en pied avec un petit manque de papier ; quelques grandes marges brunies, mais l'intérieur est frais.



Livre non disponible
"L'attrait de l'exotisme à la Loti, écrivait Alain Buisine dans Pierre Loti, l'écrivain et son double, ne se mesure jamais à l'amplitude de la distance géographique. Car l'éloignement spatial, poursuivait-il, n'y prend sens que dans l'éloignement temporel." Paru en 1911, Un Pèlerin d'Angkor révèle à quel point seule la remémoration pouvait donner corps au réel dans l'imaginaire rétrospectif de Pierre Loti, qui ignore la notion même de présent.
Ce récit, qui aurait fait entrer Angkor dans la littérature française, est issu de l'expédition périlleuse entreprise par Loti à l'occasion d'une escale du cuirassé Redoutable à Saïgon, en novembre 1901. Du 23 novembre au 5 décembre, grâce à l'accord bienveillant de son amiral, Loti pourra découvrir, c'est-à-dire retrouver, le site de "la mystérieuse Angkor" envahi par la forêt car, écrit Loti, il y a un entêtement de destruction même chez les plantes." Puisqu'il n'y a de présent qu'au passé, Loti ranime in situ l'éblouissement initial provoqué dans son enfance par la découverte d'une gravure imparfaite. Entrevue dans une revue coloniale cachée dans le petit "musée" de la maison familiale rochefortaise, cette illustration maladroite le rattachait au souvenir de son frère disparu en mer.
Ce pèlerinage sur les traces de son propre passé le mènera également sur les ruines de l'Angkor Vat et du Bayon. Sous sa plume, ce lieu où "vécurent des rois prodigieusement fastueux - de qui l'on ne sait plus rien, qui ont passé à l'oubli sans laisser même un nom sur une pierre ou dans une mémoire" semble un gigantesque catafalque qui condamne l'oeuvre des hommes à l'étreinte mortelle de la nature. Au coeur de l'ouvrage, les descriptions finalement assez brèves des sanctuaires sont enchassées, comme les pierres d'Angkor entre les "pieuvres' des racines, entre les récits des voyages d'aller et retour des premier et dernier chapîtres. Hors du temps, ces deux passages aux accents testamentaires et méditatifs ramènent l'écrivain vieillissant à son propre passé. "Seule la réminiscence, concluait Alain Buisine, assure le prestige des contrées les plus éloignées." Angkor, cette île de Charente-maritime...