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Eugene Chigot 1860 1923 br Dessins aquarelles et peintures vente Hotel Drouot le jeudi 2 decembre 1971 Robert Claude expert

Eugène Chigot (1860-1923)
Dessins, aquarelles et peintures, vente Hôtel Drouot le jeudi 2 décembre 1971.
Robert, Claude (expert)


Me Claude Robert, commissaire-priseur, Paris, 1971.


Petit in-8, brochure avec agrafes, couverture souple illustrée en couleurs, 31 pp.
Avec 21 illustrations en noir et blanc in texte.
Bon état. Cachets de bibliothèque en couverture. Un léger pli sur le coin supérieur gauche.



Livre non disponible
En 2008, une exposition organisée par le musée du Touquet a permis de redécouvrir cet artiste né à Valenciennes en 1860. Dans cette ville, Eugène Chigot fut d'abord l'élève de son père Alphonse (1824-1917), peintre militaire réputé, dont Lucien Jonas fit le portrait. De passage à Valenciennes dans l'atelier paternel, le peintre Roll aurait été frappé par ses premières oeuvres et l'aurait convaincu de venir à Paris. Il suivit alors une formation académique dans l'atelier de Cabanel et de Bonnat. Les oeuvres réalisées après son passage à l'école des Beaux-Arts témoignent de l'influence exercée par la peinture d'histoire en vogue sous la IIIe République, mais il évolua sensiblement vers le paysage et les scènes de mer des côtes du Nord. Attiré par la côte d'Opale, il est à l'origine de l'"Ecole d'Etaples". Dans ce port de pêche entouré de dunes sauvages, il attira notamment le Norvégien Frits Thaulow, l'Américain Tanner, Henri Duhem et son ami Le Sidaner, qui réalisa un portrait très sensible de Chigot peignant en plein-air. Il s'installa également au Touquet et à Dunkerque avant de rejoindre Paris. Bien plus tard, le "peintre des gens de mer, des crépuscules et de l'automne" planta à nouveau son chevalet à Petit-Fort-Philippe pour retrouver cette lumière du Nord dont il fut un interprète subtil. Son amitié avec Frantz Jourdain, fondateur du salon d'Automne en 1903, l'a associé à un versant plus novateur de la peinture. Il expose notamment chez Georges Petit et ne cesse de voyager dans les provinces les plus lointaines avant de découvrir avec fascination la lumière du Midi. Jusqu'à sa mort en 1923, son oeuvre suit désormais le cours de ses périples, de l'Italie à la Belgique, de la côte d'Azur à la Flandre, comme le démontre ce catalogue de vente, la principale publication concernant l'artiste dans ces années soixante-dix bien peu propices à cet art.
Si Jourdain traduit avec un zèle trop polémique sa rupture avec l'académisme : "En abandonnant un genre que n'acceptait plus sa conscience, l'artiste, en effet, n'a pas été démarquer sournoisement dans le camp adverse une formule toute faite et agréée par le public", il a néanmoins joliment défini le charme discret et ténu de sa note si singulière dans le concert du post-impressionnisme : " Eugène Chigot a fait sienne une heure exquise entre toutes, l'heure où le jour qui se meurt se fond dans la nuit encore hésitante. Dans l'atmosphère embrûmée, le paysage s'enveloppe de mystère : le ciel, dont le bleu tourne au violet, se perle des premières étoiles ; la lumière agonisante estompe les ombres et ouate les contours ; une sérénité divine paraît envelopper toutes choses, et les fenêtres éclairées, déchirant l'ombre, semblent regarder curieusement la nature fatiguée qui s'endort. Cette poésie d'une tristesse particulière, dont le Nord seul donne l'impression, parfume d'une façon délicieuse les toiles que l'artiste a réunies sous le nom général de "Crépuscules" [...]. L'homme ne s'interpose pas  entre la toile et le coin de paysage qu'il veut rendre, il s'oublie et s'efface [...]" (Frantz Jourdain, Préface à "l'exposition Eugène Chigot", galerie Georges Petit, 1905).