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Verhaeren en Hainaut Mabille de Poncheville Andre

Verhaeren en Hainaut
Mabille de Poncheville, André


Mercure de France, Paris, 1920.


In-12, br. , 221 pp.
Edition originale, un des 100 exemplaires sur vélin pur fil des papeteries Lafuma. Avec une photographie de la maison de Verhaeren au Caillou-qui-Bique en frontispice.
Un pli sur la couverture, sinon bon état dans l'ensemble.



Livre non disponible
Publié quatre ans après la mort accidentelle du poète dans la gare de Rouen, en 1916, ce livre est un hommage rendu à Verhaeren par un de ses plus proches admirateurs et amis, André Mabille de Poncheville (1889-1963). La dédicace de l'auteur à la reine des Belges fait écho à l'affection qui lia le couple royal à l'écrivain -érigé en poète national- durant les premières années du conflit. Choqué par la destruction de Louvain et de sa bibliothèque par les bombes allemandes, le 25 août 1914, Verhaeren, initialement pacifiste, visita à plusieurs reprises les tranchées de l'Yser et la demeure de La Panne, près de Furnes, où résidaient le roi Albert et la reine Elisabeth dans ce qui restait de la Belgique non occupée. "Les simples pages que j'offre ici à Votre Majesté, écrit Poncheville, ce sont encore les battements du coeur que vous avez senti brûlant à vos côtés quand Verhaeren marchait auprès de vous le long du flot amer." Le décès soudain et atroce du poète a bouleversé ses proches, dont Poncheville : "la mort de Verhaeren a été si inopinée, si foudroyante, que la plupart de ses amis l'ont apprise au moment où ils s'y attendaient le moins et souvent par la lecture des journaux. Ils l'avaient laissé plein de santé et de joyeuse activité : soudainement c'est le coup du destin, l'inévitable ananké [...]Le lendemain, avant de monter dans le train de Modane, je glissai dans la boîte aux lettres de la gare une série de cartes postales à son adresse [...], et j'achetai les journaux. A peine les eus-je dépliés, installé dans un compartiment, que je reçus à mon tour le choc que tant d'autres ont éprouvé sur toute la surface du monde civilisé, où ce grand coeur qui battait si fort avait trouvé des coeurs prêts à lui répondre. Au cri de douleur qu'un Belge du Hainaut, Louis Piérard, a poussé à Londres, que d'autres au même instant ont répondu de toutes parts." Avec Verhaeren en Hainaut, Poncheville tente de faire revivre le poète disparu en réinventant un Verhaeren intime et familier grâce au ton aisé d'une narration pleine de vie. "Si Verhaeren vivait encore, écrira X. Carton de Wiart, nous nous précipiterions chez lui. Mais voici qu'un heureux hasard a placé à côté du poète vivant, un ami fervent." A travers ces "choses vues" et entendues, Poncheville restitue au plus près la cordialité légendaire de l'écrivain belge et sa présence lyrique au monde. Leur visite au nouveau musée de Valenciennes constitue un des moments d'anthologie de ce texte. On se souvient du texte sarcastique écrit par Verhaeren sur le délabrement des musées de province français, dont celui de Valenciennes, à l'occasion de l'exposition de 1900 (Notes sur l'art). La tonalité est tout autre cette fois. "Une belle matinée d'octobre, il arriva du Caillou à Valenciennes [...] et partit au nouveau musée de la Place verte, ainsi nommé des tilleuls qui l'ombragent. C'est là qu'un quart d'heure après, je le rejoignis. Peu de musées neufs en province sont aussi bien compris et aussi plaisants que celui de Valenciennes [...] L'école flamande y est abondament représentée, Verhaeren pouvait y trouver son compte. Allant à la pièce maîtresse, nous admirâmes d'abord ensemble le foudroyant triptyque de Rubens, La Lapidation de Saint-Etienne [...] Verhaeren retrouvait en Hainaut les apothéoses coutumières, celles que son enfance avait admirée dans les églises et les musées de son Anvers de Flandre [...] Nous allâmes aux Carpeaux. Là, l'admiration de Verhaeren ne connut plus de bornes. Carpeaux était son dieu, et sachant que je travaillais à le restituer d'après la tradition orale et les inédits que j'avais découverts en sculpture, gravures, peintures, dessins, lettres, il m'encourageait, me montrant la valeur inestimable de ce que j'avais recueilli et qui s'ajoutait aux trésors de ce musée."