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Histoire de Jean Bart chef d escadre sous Louis XIV Vanderest

Histoire de Jean Bart, chef d'escadre sous Louis XIV
Vanderest


Librairie pittoresque de Martinon, Gayet et Lebrun, Paris, 1841.


In-8, pleine reliure basane, dos lisse orné, encadrement de filet doré sur les plats, un fer d'institution scolaire au centre, signet, XXXII-291 pp.
 
Assez bon état. Dos, coiffes et chants frottés, quelques épidermures sur les plats. Trace de mouillure sur la partie supérieure des premières pages ainsi que sur la dernière page, des rousseurs éparses, sinon intérieur assez frais.



Livre non disponible
"A une époque où tant d'investigation historique ont été faites avec conscience et avec un profond esprit d'analyse, à l'exemple de MM. Guizot, Thierry, de Barante, de Châteaubriand, ne faut-il pas singulièrement s'étonner de ce que le héros le plus populaire du siècle de Louis XIV et des nations maritimes, Jean Bart! soit encore, à bien peu de modifications près, resté environ un siècle et demi, l'ours ridicule de Forbin, souvent plus digne de la risée que de l'admiration des hommes [...]. Il existait donc une grande lacune à remplir dans l'histoire de notre marine ; nous avons entrepris cette mission que nous nous sommes efforcé de mener à bonne fin [...]." Celui qui s'exprime ainsi est un certain Vanderest,  professeur de littérature et d'histoire. Paru en 1841, son ouvrage consacré au corsaire dunkerquois entendait mettre un terme aux anecdotes légendaires colportées ad nauseam par ses prédécesseurs "historiens." Vanderest faisait référence avant tout au récit légendaire d'Adrien Richer, qui s'inspirait des Mémoires hostiles de Forbin (La vie de Jean Bart, 1780, aux fréquentes rééditions) et au livre plus récent d'Eugène Sue, Histoire de la Marine (1835). Jean Bart y apparaissait comme un illettré, dont les moeurs populaires et grossières auraient scandalisé la cour lors d'un séjour en 1693. Jean Bart n'avait pourtant jamais fréquenté Versailles... La popularité de ce Bayard des mers reposait en grande partie sur ces anecdotes savoureuses (Jean Bart fumant devant le roi...) qui assurèrent auprès du public du XIXe siècle la réussite éditoriale de ce héros. Scandalisé par ces manquements à la vérité historique, Vanderest, féru d'archives, entreprit de les démentir afin d'exhumer le "Jean Bart historique en le confrontant avec le Jean Bart fantastique [...]. Nous en sommes encore, écrit-il, à nous étonner qu'on ait pu défigurer à tel point un homme célèbre [...] Il nous semble que Jean Bart a été jusqu'ici plutôt un héros du Moyen Age, obscurci et tronqué par la nuit des temps, qu'un héros du siècle de Louis XIV." "Toutefois, il semblerait que les critiques de Vanderest puissent lui être retournées car il reproduit, à son tour, plusieurs anecdotes de la légende du corsaire, à savoir : Jean Bart attachant son fils au mât qu'il met en parallèle avec l'action du Romain Brutus..."   ("Entre légende et histoire avérée : la littérature autour de Jean Bart" in Jean Bart, Du corsaire au héros mythique, musées de Dunkerque, éd. Somogy, 2002.) Malgré ces menus arrangements avec la vérité, l'ouvrage de Vanderest  fit désormais autorité auprès des cercles érudits. Le dictionnaire Larousse en a ainsi repris divers passages en 1867.