Né et mort à Montreuil, Roger Rodière (1870-1944) fut membre -dès 1890- de la Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, institution au sein de laquelle il joua un rôle déterminant dans la défense du patrimoine de cette région. Il aurait pu prétendre à la nouvelle fonction de conservateur des antiquités et objets d'art (créée en 1908), mais "ce Montreuillois avait des opinions monarchistes. Dans le climat politique de l'époque, cela constitua un obstacle insurmontable." (Patrick Wintrebert, "Connaître et préserver le patrimoine dans le Pas-de-Calais. Une longue histoire" in Trésors sacrés du littoral du Pas-de-Calais - De l'invisible au visible, Somogy, 2009, p. 15). Rodière a légué sa bibliothèque historique et ses manuscrits aux Archives départementales du Pas-de-Calais.
Dans cet opuscule, l'historien se fait ethnologue afin de conserver le souvenir de "quelques superstitions bien spéciales à nos matelots berckois. [...] Tous les usages et les coutumes dont il va être question étaient en vigueur en 1885 ; j'en parle au présent, bien qu'ils aient sans doute disparu depuis lors."
Comme l'écrit R. Rodière, cette étude devait beaucoup aux travaux de son vieil ami l'abbé Thobois, vicaire à Berck de 1885 à 1889. "Il voulait faire l'histoire du pays et étudier les coutumes du peuple qu'il catéchisait. [...]. M. l'abbé Thobois m'a autorisé à utiliser ses notes restées inachevées par suite de son départ."
Rodière a donné comme illustration à cette monographie deux dessins du peintre Francis Tattegrain (1852-1915), réalisés pour des cartes-réclames de deux commerçantes "qui furent jadis deux personnalités originales et bien berckoises." "Si la marine berckoise n'a pas encore son poète", conclut l'auteur, "elle a eu du moins son peintre : Francis Tattegrain. Voyez entre autres, à l'Asile Maritime, les vivantes figures des vieux et des vieilles, types bien locaux, que tous les anciens de la plage retrouvent dans leurs souvenirs."