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Denain - Un crime signé : Usinor
Guienne, Raymond et Pierrard, André
G. Blondel éditeur, Condé-sur-Escaut, 1979.
Petit in-8, broché, 92 pp.
Avec 20 illustrations en noir et blanc en hors-texte.
Bon état. Légères marques d'usage en couverture.
Livre non disponible
La fin des années 1960 et le début des années 1970 ont été marquées dans le Valenciennois par un lent processus de désurbanisation et de désindustrialisation ; 21 000 emplois ont été perdus entre 1962 et 1979, d'abord dans les charbonnages et ensuite dans la sidérurgie. Après une brève période de redressement, cette dernière et la métallurgie lourde, durement frappées par la crise à partir de 1975, vont rapidement s'effondrer.
"Dès 1971", écrit l'historienne Odette Hardy-Hémery, "Usinor prévoyait 2500 suppressions d'emplois, l'arrêt des hauts-fourneaux à Trith : ce fut chose faite en août 1975. En 1977, le plan de réorganisation d'Usinor prévoyait la concentration à Denain de la production d'acier et de fonte, l'arrêt d'un haut-fourneau, la modernisation du train à bandes. Confirmées en 1978, ces mesures entraînaient 3000 licenciements à Trith et à Denain. Devant l'aggravation de la situation de la sidérurgie, le plan "Etchegaray" annoncé le 13.12.1978 prévoyait l'arrêt total de l'aciérie et du second haut fourneau en 1979, le report de la production sur Dunkerque, l'arrêt du train à fils de la Chiers à Anzin, des licenciements à Saint-Saulve : au total 6300 licenciements à court terme, 8500 plus tard, 20 000 même avec les emplois induits ; 1500 emplois seulement subsisteraient à Denain. " (Histoire de Valenciennes, PUL, 1982, p. 298).
L'année 1979, date de parution de ce livre, fut marquée par la manifestation massive du 16 février 1979, à Valenciennes, tandis que de violents incidents devaient opposer à Denain grévistes et forces de l'ordre.
Le titre de l'ouvrage publié par Raymond Guienne et André Pierrard (1916-1997) en laisse aisément deviner la teneur pamphétaire et rappelle que l'un de ses auteurs fut autrefois un homme de presse. En 1979, André Pierrard, figure du communisme dans le Nord, avait certes déjà pris ses distances avec le Parti communiste français -élu député du Parti à trois reprises (de 1946 à 1958), Pierrard avait dirigé le quotidien lillois Liberté avant d'entrer au Comité central en 1954-, mais elle avait conservé entière sa verve langagière et politique, ainsi qu'en témoigne son apparition ultérieure dans le documentaire réalisé par Serge Mosco : Mémoires d'ex. Selon la thèse de Pierrard, l'abandon de Denain au profit du site de Dunkerque était un choix stratégique inavoué de la direction d'Usinor depuis 1966 : "Dès 1966", tonne-t-il, "l'orientation décisive est décidée. La plus grande partie des investissements d'Usinor est pour Dunkerque. [...] Volonté bien mûrie des maîtres de forges de fabriquer l'acier là où l'on débarque du minerai plus riche en fer que celui de la Lorraine et du coke américain moins riche que le coke français. [...] Depuis 1966, la grande pensée, c'est l'acier sur le littoral et c'est l'exportation." Pierrard se consacra ensuite de plus en plus à l'écriture, le Nord demeurant son thème de prédilection ; en 1971, il remportait le prix du Roman populiste avec La Fugue flamande.
"Dès 1971", écrit l'historienne Odette Hardy-Hémery, "Usinor prévoyait 2500 suppressions d'emplois, l'arrêt des hauts-fourneaux à Trith : ce fut chose faite en août 1975. En 1977, le plan de réorganisation d'Usinor prévoyait la concentration à Denain de la production d'acier et de fonte, l'arrêt d'un haut-fourneau, la modernisation du train à bandes. Confirmées en 1978, ces mesures entraînaient 3000 licenciements à Trith et à Denain. Devant l'aggravation de la situation de la sidérurgie, le plan "Etchegaray" annoncé le 13.12.1978 prévoyait l'arrêt total de l'aciérie et du second haut fourneau en 1979, le report de la production sur Dunkerque, l'arrêt du train à fils de la Chiers à Anzin, des licenciements à Saint-Saulve : au total 6300 licenciements à court terme, 8500 plus tard, 20 000 même avec les emplois induits ; 1500 emplois seulement subsisteraient à Denain. " (Histoire de Valenciennes, PUL, 1982, p. 298).
L'année 1979, date de parution de ce livre, fut marquée par la manifestation massive du 16 février 1979, à Valenciennes, tandis que de violents incidents devaient opposer à Denain grévistes et forces de l'ordre.
Le titre de l'ouvrage publié par Raymond Guienne et André Pierrard (1916-1997) en laisse aisément deviner la teneur pamphétaire et rappelle que l'un de ses auteurs fut autrefois un homme de presse. En 1979, André Pierrard, figure du communisme dans le Nord, avait certes déjà pris ses distances avec le Parti communiste français -élu député du Parti à trois reprises (de 1946 à 1958), Pierrard avait dirigé le quotidien lillois Liberté avant d'entrer au Comité central en 1954-, mais elle avait conservé entière sa verve langagière et politique, ainsi qu'en témoigne son apparition ultérieure dans le documentaire réalisé par Serge Mosco : Mémoires d'ex. Selon la thèse de Pierrard, l'abandon de Denain au profit du site de Dunkerque était un choix stratégique inavoué de la direction d'Usinor depuis 1966 : "Dès 1966", tonne-t-il, "l'orientation décisive est décidée. La plus grande partie des investissements d'Usinor est pour Dunkerque. [...] Volonté bien mûrie des maîtres de forges de fabriquer l'acier là où l'on débarque du minerai plus riche en fer que celui de la Lorraine et du coke américain moins riche que le coke français. [...] Depuis 1966, la grande pensée, c'est l'acier sur le littoral et c'est l'exportation." Pierrard se consacra ensuite de plus en plus à l'écriture, le Nord demeurant son thème de prédilection ; en 1971, il remportait le prix du Roman populiste avec La Fugue flamande.