Dans sa préface à La Belgique sanglante, Emile Verhaeren revient sur la blessure incurable que la guerre représenta pour ce pacifiste notoire, et la force de la haine qui s'empara alors de lui après l'ultimatum allemand du 2 août et l'incendie de la bibliothèque de Louvain. "Aucune désillusion ne fut plus grande ni plus soudaine", confesse l'ami de Stefan Zweig, qui dédie son essai de 1915 à "l'homme qu'il fut autrefois".

Dans la première partie de  l'ouvrage, Verhaeren célèbre la Belgique artistique, architecturale et littéraire, terre d'art et de paix ravagée par les soldats allemands. La Belgique envahie et réduite à ce petit pan de territoire de la Flandre maritime autour de La Panne s'identifie, aux yeux de Verhaeren, à l'Art et à l'Idée et plus encore à ce Non adressé à l'envahisseur.