Hippolyte Fierens (Bruxelles, 1870 - Liège, 1926) dut renoncer à une carrière musicale prometteuse pour des motifs médicaux ; il se lança alors dans le journalisme et la critique, sous le nom de Fierens-Gevaert, en hommage à sa femme et à son beau-père, le musicien Auguste Gevaert (1828-1908). A un premier Essai sur l'art contemporain, en 1897, succéda un ouvrage remarqué sur La Tristesse contemporaine : essai sur les grands courants moraux et intellectuels du XIXe siècle. En 1902, un an après la parution de sa Psychologie d'une ville, essai sur Bruges, il retourna en Belgique afin de se consacrer à l'enseignement de l'histoire de l'art à l'université de Liège et également à l'Institut supérieur d'histoire de l'art et d'archéologie, qu'il avait contribué à créer à Bruxelles. De 1907 à 1926, Fierens-Gevaert assuma la responsabilité de la section belge à la Biennale de Venise. Ses deux premiers essais sur l'art flamand ont été publiés entre 1905 et 1909 : à La Renaissance septentrionale et les premiers maîtres des Flandres, en 1905, succèdèrent Les Primitifs flamands (2 vol., 1908-1909). Devenu conservateur en chef aux Musées royaux des beaux-arts après la Grande Guerre, il s'attacha à réorganiser en profondeur cette institution belge (création d'une documentation, d'une bibliothèque, publication de périodiques, collections de photographies...) Certaines de ses expositions sont restées dans les mémoires, en particulier "Van Eyck-Bouts", en 1920, où fut exposé le polyptyque de Gand, de retour en Belgique après le traité de Versailles. Il devait mourir subitement à Liège en 1926, "laissant inachevé L'Histoire générale de la peinture flamande à laquelle il pensait consacrer dix ans de travail, disait-il, et sur la portée de laquelle la Préface [...) fournira les précisions souhaitables. Cette préface est comme un testament. Fierens-Gevaert s'y explique sur l'orientation qu'il comptait donner à son ouvrage, sur les divisions de celui-ci, sur le sens qu'il n'a cessé d'attacher à l'expression "art flamand" et dans ces quelques pages se manifeste la foi, la ferveur et l'enthousiasme qui confèrent à son enseignement, à son oeuvre critique, à toute son activité d'érudit, de professeur et d'écrivain, leur plus haute signification nationale et humaine. L'Histoire générale de la peinture flamande eût comporté sans doute huit volumes. L'auteur avait terminé les deux premiers, jetant une clarté nouvelle sur la "question des origines" et consacrant aux "créateurs de l'art flamand", aux grands maîtres du XVe siècle, une série de chapitres où sont magistralement évoqués leurs caractères et commentés leurs oeuvres principales.
"Son Histoire de la peinture flamande des origines à la fin du XVe siècle en 3 vol. (1927 à 1929), est donc une publication posthume. Les deux premiers ouvrages (Les Créateurs de l'art flamand et Les Continuateurs de Van Eyck) ont toutefois été revus par l'auteur lui-même. Le troisième volume, quant à lui, a été réuni par Paul Fierens, son fils, qui reprit les notes et les travaux antérieurs de son père. : "Fierens-Gevaert fut toujours l'adversaire des restaurateurs. Le monument dont il avait tracé le plan [...], fallait-il en conséquence , le laisser inachevé, s'en tenir aux deux premiers volumes, dont les manuscrits se trouvaient , à la mort de l'auteur, entre les mains de M. Van Oest? Il nous a semblé, à l'éditeur et à moi-même, écrit Paul Fierens, que la publication d'un troisième volume était souhaitable [...] M. Van Oest me pria de mener l'histoire de la peinture flamande jusqu'à la fin du XVe siècle. J'acceptai, sachant que je trouverais, dans les notes rassemblées par mon père en vue de ses cours universitaires, de ses conférences, de ses écrits, tous les matériaux utiles." Paul Fierens (1895-1957) enseigna l'esthétique et l'art moderne à l'université de Liège, avant de devenir le critique et historien d'art que l'on sait.