Cellier et Carette
Bra, sculpteur douaisien
Liste des ouvrages
Théophile Bra
Affiche municipale concernant les obsèques du sculpteur, le mardi 5 mai 1863, aux frais de la ville de Douai.
Choqué, E., maire de Douai
Typ. Mme Ceret-Carpentier, imprimeur de la mairie, Douai, le 3 mai 1863.
63 cm. x 50 cm.
Rare.
Assez bon état. Traces de plis (un vertical et trois horizontaux), mouillure claire sans gravité au centre et sur la partie supérieure droite de l'affiche, usure des bords, un manque infime de papier qui n'altère pas le texte sur un pli.
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Nous, Maire de la ville de Douai [...] considérant que Théophile Bra, membre de la Légion d'honneur, auteur d'un grand nombre d'oeuvres remarquables, a illustré sa cité natale par l'éclat de son génie, rehaussé d'un désintéressement qui ne s'est jamais démenti [...] Arrêtons : Art. 1er : Les funérailles... - Art. 2 : La levée de la dépouille mortelle... - Art. 3 : la grosse cloche du beffroi annoncera le départ... - Art. 4 : En dehors des honneurs militaires... - Art. 5 : Le deuil sera conduit par le Maire... - Art. 6 : Vote d'un crédit pour ériger au cimetière municipal un marbre funéraire... - Fait à Paris, en session législative, le 3 mai 1863.
Le sculpteur Théophile Bra naquit à Douai le 23 juin 1797. Son oeuvre sculpté, visible notamment au musée de la Chartreuse de Douai, révèle un art nourri aux grandes traditions de l'art antique. Les travaux d'André Bigotte et de Jacques de Caso ont pourtant révélé progressivement l'autre part de l'oeuvre d'un artiste dont la quête romantique du moi s'affirma au prix d'un dérèglement de tous les repères culturels en vigueur à son époque.
Sous la Restauration, le sculpteur Théophile Bra (1797-1863), ami de Balzac, poursuivait une carrière traditionnelle et prometteuse. Mais, de 1826 à 1829, une crise morale le plongea aux frontières de la folie. Sa singularité devait alors se manifester de la plus étrange manière : Bra traduisit son expérience "visionnaire" dans une pratique artistique renouvelée, qui répudiait la mimésis à laquelle sa sculpture resterait attachée. Le Dessin parle, Théophile Bra : oeuvres 1826-1855, exposition présentée successivement à Houston et au musée de Douai en 1998-1999, aura révélé un florilège de dessins visionnaires dans lesquels mots et images composent un nouveau mode d'autoportrait. Jacques de Caso avait alors qualifié de "dessin écrit" cette synthèse inédite du visuel et du verbal. La Bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore de Douai détient ainsi l'"archive" de T. Bra, ces milliers de feuillets où "une écriture fine le dispute sur la feuille à des dessins d'apparence variée, à l'image d'un délire qui se semble se jouer du partage reçu entre [...] les espèces verbalisées de la pensée et ses empreintes graphiques." (Hubert Damisch, Avant-propos du catalogue, p. 13)
Dans L'Evangile rouge, qu'il dicte en 1830, Bra a plutôt placé sa confession sur le seul registre littéraire. Proche du journal intime, ce recueil chaotique juxtapose abruptement citations, visions religieuses et évocations intimes des déboires conjugaux de l'artiste. Rétif aux interprétations trop manichéennes, ce texte trahit malgré tout le malaise que devait éprouver Bra devant les mots ordinaires qui sont les nôtres. Même dans ses passages les plus lyriques, Bra semble intimement convaincu de l'insuffisance du langage au point de finalement délaisser cette expérience qui n'est pas sans annoncer Artaud. Aujourd'hui, ce texte ardu et émouvant nous confronte au lent et difficile processus de la création et nous met face aux efforts déployés par un esprit en quête d'un mode d'expression conforme à tant d'originalité. La question s'avère souvent plus féconde que la réponse et l'on ne s'étonnera guère de constater que la démarche expérimentale de Bra importe plus que son aboutissement.
Aussi inaboutie fût-elle, cette étape littéraire fascinante aura confirmé Bra dans sa voie à nulle autre pareille : la fusion de la figure et du texte dans le trait. Publié par J. de Caso en 2000 aux éditions Gallimard, ce livre original entre tous a finalement trouvé sa place dans la littérature romantique : entre les Carnets de David d'Angers et l'Aurélia de Nerval.
C'est cet homme singulier que l'on enterrait à Douai, un mardi 5 mai 1863.
Sous la Restauration, le sculpteur Théophile Bra (1797-1863), ami de Balzac, poursuivait une carrière traditionnelle et prometteuse. Mais, de 1826 à 1829, une crise morale le plongea aux frontières de la folie. Sa singularité devait alors se manifester de la plus étrange manière : Bra traduisit son expérience "visionnaire" dans une pratique artistique renouvelée, qui répudiait la mimésis à laquelle sa sculpture resterait attachée. Le Dessin parle, Théophile Bra : oeuvres 1826-1855, exposition présentée successivement à Houston et au musée de Douai en 1998-1999, aura révélé un florilège de dessins visionnaires dans lesquels mots et images composent un nouveau mode d'autoportrait. Jacques de Caso avait alors qualifié de "dessin écrit" cette synthèse inédite du visuel et du verbal. La Bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore de Douai détient ainsi l'"archive" de T. Bra, ces milliers de feuillets où "une écriture fine le dispute sur la feuille à des dessins d'apparence variée, à l'image d'un délire qui se semble se jouer du partage reçu entre [...] les espèces verbalisées de la pensée et ses empreintes graphiques." (Hubert Damisch, Avant-propos du catalogue, p. 13)
Dans L'Evangile rouge, qu'il dicte en 1830, Bra a plutôt placé sa confession sur le seul registre littéraire. Proche du journal intime, ce recueil chaotique juxtapose abruptement citations, visions religieuses et évocations intimes des déboires conjugaux de l'artiste. Rétif aux interprétations trop manichéennes, ce texte trahit malgré tout le malaise que devait éprouver Bra devant les mots ordinaires qui sont les nôtres. Même dans ses passages les plus lyriques, Bra semble intimement convaincu de l'insuffisance du langage au point de finalement délaisser cette expérience qui n'est pas sans annoncer Artaud. Aujourd'hui, ce texte ardu et émouvant nous confronte au lent et difficile processus de la création et nous met face aux efforts déployés par un esprit en quête d'un mode d'expression conforme à tant d'originalité. La question s'avère souvent plus féconde que la réponse et l'on ne s'étonnera guère de constater que la démarche expérimentale de Bra importe plus que son aboutissement.
Aussi inaboutie fût-elle, cette étape littéraire fascinante aura confirmé Bra dans sa voie à nulle autre pareille : la fusion de la figure et du texte dans le trait. Publié par J. de Caso en 2000 aux éditions Gallimard, ce livre original entre tous a finalement trouvé sa place dans la littérature romantique : entre les Carnets de David d'Angers et l'Aurélia de Nerval.
C'est cet homme singulier que l'on enterrait à Douai, un mardi 5 mai 1863.