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Martin au Sallon Observations avis et critiques sur les ouvrages exposes au Salon de Lille br                     et br Livrets des Salons de Lille 1773 1778 precedes d une introduction suivis d une table de noms Anonyme

Martin au Sallon Observations avis et critiques sur les ouvrages exposes au Salon de Lille br                     et br Livrets des Salons de Lille 1773 1778 precedes d une introduction suivis d une table de noms Anonyme

Martin au Sallon. Observations, avis et critiques sur les ouvrages exposés au Salon de Lille
                                                             et
Livrets des Salons de Lille (1773-1778) précédés d'une introduction, suivis d'une table de noms
Anonyme


s.éd., Lille, 1882.


2 volumes in-8, brochés, 20 pp. et XII-375 pp.
Un des cent exemplaires réimprimés d'un opuscule rarissime de 1782 avec une planche satirique en fac-simile pour le premier volume. Bel ex-libris collé en page de garde.
Un des trois cents exemplaires réimprimés sur papier vergé de Hollande (ex. n° 233), après 5 exemplaires sur Chine et 10 sur Watmann, pour le second volume.
Bon état pour le premier volume ; un petit pli sur le coin supérieur de la couverture et dos défraichi avec fentes et manque de papier en tête, intérieur frais.
Assez bon état pour le second volume ; couverture avec salissures et manques de papier sur les coins et les chants, dos muet refait, intérieur frais avec un beau vergé.



Livre non disponible
Ces deux réimpressions de 1882 rendent hommage à l'institution municipale du Salon de Lille, qui anima la vie artistique septentrionale à partir de 1773. Destinées avant tout à la vente libre des oeuvres d'art, ces expositions annuelles ou bisanuelles se tenaient rue Comtesse, dans une salle de l'Ecole gratuite de dessin de Lille. Après que d'autres villes de province, comme Toulouse et Marseille notamment, avaient suivi l'exemple de Paris,  "les magistrats de la ville de Lille, voulant favoriser les arts et exiter l'émulation parmi les artistes, ont annoncé [...] aux peintres, dessinateurs, sculpteurs, et à tous ceux qui font usage du dessein dans leur profession, qu'à compter de la présente année, la grand'salle de l'Académie des Arts serait ouverte à l'avenir pendant toute la foire du mois d'août [...] pour y exposer au public les ouvrages que les artistes des différentes professions auraient jugé à propos d'y faire porter. [...] C'est dans cette vue [...] qu'ils préviennent [les artistes et amateurs] qu'il en sera fait un inventaire et une brève description qui sera imprimée et distribuée au public, avec les noms des auteurs au cas qu'ils y consentent [...]" (Livret des Salons, introduction, p. VI).
Les livrets des Salons ne mettent pas en exergue la finalité commerciale de ces expositions, "mais obéissent à des priorités tout autres. Jusqu'en 1790, écrit Gaëtane Maes ( Les Salons de Lille de l'Ancien Régime à la Restauration 1773-1820, L'Echelle de Jacob, 2006, p. 27), le plan de ceux-ci est immuable. Il sépare les artistes des amateurs et la première partie reflète la hiérarchie de l'Ecole de dessin, puis celle de l'Académie locale à partir de 1775."
Lors des Salons parisiens du XVIIIe siècle, la violence de ton des pamphlétaires rendra peu à peu caduque la relation qui prévalait entre artistes et amateurs au point que ces attaques contribueront à fragiliser le système artistique de l'Ancien Régime, fondé sur le pouvoir de l'Académie. En passant aisément du discours parodique sur les arts à la critique sociale la plus acerbe, la virulence des propagandistes les plus contestataires des années 1780 finit par mettre à mal l'édifice monarchique lui-même. Rien de tel à Lille, où les Salons n'ont pas suscité la moindre fièvre éditoriale. Martin au Salon, oeuvre d'un satiriste anonyme, constitue la seule exception à ce silence. Loin de tourner en caricature l'institution académique lilloise, la gravure qui tient lieu de frontispice -un âne qui brait devant les toiles exposées- traite sur le mode familier et presque carnavalesque ce dialogue esthétique inédit entre l'art et le public. "L'opuscule n'a pas eu de prolongement dans les années suivantes et peut-être s'agissait-il d'une commande à un chroniqueur de Paris pour mettre en valeur la récente Académie des Arts." (ibid., p. 36) Toutes les oeuvres du Salon de 1782 sont, selon la loi du genre, soumises successivement au jugement du critique ; l'auteur anonyme fustige Lépicié ("Quand Martin voit des Lépicié de Paris, il rit ; mais quand il voit des Lépicié de Lille, il brait."), avant de faire l'éloge de Momal et des sculpteurs Roland et Corbet et de clamer in fine son admiration pour le "grand maître" David, "plus grand peintre de France".