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James Ensor aquafortiste, 1er et 2e fascicule du numéro exceptionnel consacré à James Ensor
James Ensor peintre et graveur, 3e fascicule
James Ensor peintre et graveur, 4e fascicule
James Ensor peintre et graveur, 5e fascicule
James Ensor peintre et graveur, 6e et dernier fascicule.
Lemonnier, Camille ; Picard, Edmond ; Verhaeren, Emile ; Mauclair, Camille ; Elskamp, Max ; Hannon, Théo ; Rency, Georges ; Rousseau, Blanche ; Lemmen, Georges ; Meunier, Constantin ; Krains, Hubert (1er et 2e fascicules) - Maus, Octave ; Beck, Christian ; Du Jardin, Jules (3e fascicule) - Du Jardin, Jules ; Desombiaux (sic), Maurice (4e fascicule) - Des Ombiaux, Maurice ; Uzanne, Octave (5e fascicule) - Maeterlinck, Maurice ; Ensor, James ; Baes, Edgar ; Fontainas, André ; Goffin, Arnold ; De Mont, Pol ; Delattre, Louis (6e et dernier fascicule).
La Plume, Paris, 1898.
In-8, broché avec agrafe, sous couverture illustrée en noir et blanc. Pour Ensor : fasc. I. et II. : pp. 673-704 ; fasc. III. : pp. 705-720 ; fasc. IV. : pp. 721-736 ; fasc. V. : pp. 737-752 ; fasc. VI. : pp. 753-768.
Avec de nombreuses illustrations en noir et blanc in texte.
Bon état. Légers accrocs.
Livre non disponible
Eugène Demolder, qui écrivit en 1892 le premier ouvrage jamais publié sur Ensor, avait réussi à convaincre Léon Deschamps, le fondateur et directeur de la revue parisienne La Plume, de consacrer un numéro exceptionnel et une exposition personnelle à James Ensor, dans le cadre du Salon des Cent, 31 r. Bonaparte. L'intérêt de Deschamps pour la Belgique n'était en rien une nouveauté : La Plume avait déjà consacré un numéro à la "Jeune Belgique", en 1891, et Félicien Rops, lui aussi, avait reçu auparavant le même double hommage. La plupart des intervenants du numéro consacré à Ensor avaient d'ailleurs déjà participé à la publication précédente sur la "Jeune Belgique" ; cette quasi absence de contributions françaises témoigne d'emblée de la difficulté d'Ensor à se faire reconnaître en France.
Cette première -une exposition personnelle à l'étranger- aurait pourtant pu offrir à James Ensor la possibilité inespérée de relancer sa carrière en Belgique grâce à une consécration parisienne. "Initiée par le milieu ropsien à la tête de laquelle on retrouve Eugène Demolder et soutenue par nombre de personnalités rencontrées chez les Rousseau, l'exposition constituait pour Ensor une dernière chance [...]." (Michel Draguet, James Ensor, Gallimard, 1999, p. 216) Làs! Le scepticisme, pour ne pas dire l'indifférence, de la critique parisienne réduisit à néant les attentes de l'artiste belge, dont la désillusion parisienne n'est pas sans rappeler celle qu'avait éprouvée Antoine Wiertz, six décennies plus tôt avec son Patrocle. Demolder estimait que les textes réunis dans La Plume se méprenaient quelque peu en dressant un portrait trop humoristique et univoque du peintre. Il considérait par ailleurs que le choix de ne mettre en exergue que la gravure -au détriment des peintures et des dessins- avait constitué dès le départ une autre erreur regrettable.
Dans une lettre du 27 décembre 1898, l'écrivain fit part à Ensor de l'incompréhension totale de la critique et du public français : "Je suis désolé du résultat de notre entreprise. Il y a des collaborateurs furieux de ce que tu n'aies pas fait reproduire de meilleures choses au milieu de leurs proses. Va! Quand je t'écrivais cet été, je comptais bien que tu aurais envoyé ici et fait reproduire vingt-cinq tableaux et que tu n'aurais pas fait reproduire de simples charges qu'on trouve grossières et mauvaises." L'exposition est un échec critique et commercial : Ensor n'aura vendu qu'une seule eau-forte! Pour l'affiche de l'exposition, Ensor avait repris le motif des Démons me turlupinant, une oeuvre de 1888. "Le titre est peu conforme au caractère torturé de cette dernière représentation, à la menace qu'infligent l'approche et l'effleurement de ces êtres griffus, composés de couches superposées et auxquels des yeux poussent en surnombre, comme dans un cauchemar. Représentation si significative, note Francine-Claire Legrand, qu'Ensor en tirera une lithographie servant d'affiche au Salon des Cent, sa première exposition à l'étranger, puis le frontispice du numéro spécial de La Plume, qui lui sera consacré." (F. Claire-Legrand, Ensor, cet inconnu, collection Renaissance-Art, La Renaissance du livre, Bruxelles, 1971).