ARTICLES


Explication des peintures a fresque executees par M Abel de Pujol dans la chapelle S Roch a S Sulpice precedee d une courte notice sur ce genre de peintures Abel de Pujol

Explication des peintures à fresque exécutées par M. Abel de Pujol, dans la chapelle S. Roch à S. Sulpice, précédée d'une courte notice sur ce genre de peintures.
Abel de Pujol


A Paris, chez l'auteur, rue Grange-Aux-Belles, n°13, chez Martinet, rue du Coq-St-Honoré, chez Normand Fils, rue des Noyers, n°31, 1822.


In-8, plaquette sans couverture , 17 pp.
Bien complet de ses quatre planches rempliées, gravées par Normand Fils d'après les peintures de Pujol : St-Roch guérissant les pestiférés, Mort de St-Roch, Plafond de la chapelle St-Roch à St-Sulpice, Vue perspective de la chapelle St-Roch.
Ex-libris de Xavier Dehon collé en page de titre. En 1838, Xavier Dehon (1826-1905) fut le condisciple de J.-B. Carpeaux aux Académies de Valenciennes et ensuite à la "Petite Ecole" à Paris."Refusé à l'admission à l'école des Beaux-Arts, dénué de ressources, il revient dans le Nord. Il entrera comme dessinateur aux mines d'Anzin." Carpeaux réalisa son buste en 1849 (musée de Valenciennes, signé, daté à la pointe, de la main de l'artiste : JB Carpeaux/ A son ami/Dehon 1849."  (cf. Hardy, 1978, p. 37)
Forte usure des chants et rousseurs importantes.



Livre non disponible
Avec d'autres artistes tels que Couder et Pallière, Abel de Pujol (1785-1861) a incarné le ralliement des jeunes adeptes de l'Ecole, tous liés par l'enseignement de David, à la peinture religieuse. Sa souplesse, autrement dit son aptitude à adapter sa formation néoclassique rigoureuse aux nouvelles exigences, lui aura permis d'être comblé par la nouvelle politique des commandes sous la Restauration et la monarchie de Juillet. Son Saint Etienne prêchant l'Evangile de 1817, commandé pour l'Eglise Saint-Etienne-du-Mont par le comte de Chabrol -le tableau se trouve aujourd'hui à Saint-Thomas d'Aquin-, a véritablement lancé sa carrière en témoignant encore de sa fidélité aux règles de l'Ecole ("C'est l'un des derniers ouvrages qui résultent directement des principes de l'école de 1775", remarquera Delécluze.) En 1819, il présente au Salon une Vierge au tombeau, commandée pour Notre-Dame, honneur insigne réservé à peu d'artistes de son temps. La rigueur néoclassique de cette oeuvre est déjà tempérée par l'attention que Pujol porte à l'art bolonais. Avec les fresques de la chapelle de Saint-Roch à Saint-Sulpice, confiée au peintre en 1822, Pujol place cette fois son effort de renouvellement moins sur l'invention stylistique que sur la dimension technique. L'adoption de la peinture murale pour les églises, au détriment du tableau, était défendue par nombre d'écclesiastiques, attachés à l'effacement de l'artiste au nom de la valeur morale de l'enseignement. Cette technique de la fresque, jugée plus appropriée que le tableau qui métamorphosait l'église en musée, était cependant perdue. "La fresque ne doit guère être employée que pour l'ornement des palais et des temples, affirme Abel de Pujol. Mais aussi, dans ces vastes édifices, elle est sans rivale ; constamment fraîche, elle réunit l'éclat à la gravité, et donne aux objets qu'elle représente un grandiose qui répond dignement à la majesté des lieux ; elle enrichit l'architecture, l'agrandit, repose l'oeil de la répétition des formes et de la teinte monotone des murs." La tentative audacieuse d'Abel de Pujol avait donc valeur expérimentale, ainsi que le voulait le comte Chabrol, préfet de la Seine et commanditaire de l'oeuvre. La publication réalisée à cette occasion par le peintre, fait rarissime qui mérité d'être signalé, traduit bien "le caractère exceptionnel de l'aventure. Les résultats furent décevants, que la technique ait été bien ou mal pratiquée ; l'intérêt de ces décors reste surtout comme témoignage de cette volonté dès 1822 de retour à une pratique perdue. [...] La difficulté technique a imposé un emploi systématique du ton local qui donne encore une grande force expressive à l'ensemble..." (Bruno Foucart, Le renouveau de la peinture religieuse en France (1800-1860), Arthéna). Pujol espérait des lendemains glorieux pour cette technique décorative : "Comment se fait-il donc, écrit-il, qu'un genre de peinture qui réunit tant d'avantages non contestés, semble tombé dans l'oubli, depuis un siècle? Ne serait-ce pas parce que le gouvernement ayant négligé les encouragements indispensables pour le faire fleurir, les artistes dégoûtés d'un travail fatigant qui exige beaucoup de soins indépendants de l'art, l'abandonnèrent pour se livrer exclusivement à la peinture à l'huile. Il appartenait à leurs Excellences les Ministres de l'intérieur et de la maison du Roi, et à M. le Comte de Chabrol, préfet de la Seine, qui a déjà donné tant de preuve de sa constante sollicitude pour les arts, de relever la peinture à fresque, et de l'affranchir de l'espèce d'oubli qui pesait sur elle. Espérons que si ce premier essai mérite les suffrages des artistes et des hommes éclairés, le Gouvernement ne laissera pas son ouvrage imparfait, notre école moderne possède un grand nombre de peintres dont le talent facile pourrait se distinguer dans ce genre, et certes nous ne manquons pas en France d'édifices auxquels des ornemens de cette nature donneraient un nouveau prix." Porté à la rénovation de l'art religieux de son temps, ce "classique" qu'était Pujol poursuivit plus avant son effort en adoptant la grisaille, technique qu'il expérimenta notamment à Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle et Saint-Denis-du-Saint-Sacrement.