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![Greco considerations sur sa vie et sur quelques unes de ses oeuvres Seuphor Michel](/userfiles/images/grandes/g-A107.jpg)
Greco, considérations sur sa vie et sur quelques-unes de ses oeuvres
Seuphor, Michel
Les Tendances Nouvelles, Paris, 1931.
In-12, broché, 167 pp.
Avec 22 planches hors-texte juxtaposant des œuvres de Greco et leur schéma géométrique. Rare.
Assez bon état. Déchirures peu importantes sur le dos et plus marquées sur les chants, quelques rousseurs sur les planches.
Livre non disponible
"Je n'étais plus moi-même (...) Je suis revenu plusieurs fois revoir tous ces tableaux, j'étais comme possédé! Extraordinaire! Une peinture que ne n'avais jamais vue, avec ce relâchement du pinceau, cette touche qui semble flotter, alliée à une rigueur de composition, une force dans l'organisation du tableau. Sans oublier les coloris qui chantaient. Ce n'était plus de la peinture, mais de la poésie (...) Et j'ai commencé à prendre des notes et des notes. Il me fallait voir les autres tableaux du Greco. Je suis donc allé à Tolède puis à Séville, où je suis resté trois semaines (...) Je suis revenu à Paris par petites étapes, toujours possédé par le Greco! Aussitôt remis sur pied, je me suis précipité à la Bibliothèque nationale et j'ai lu tout, absolument tout ce qui avait été écrit sur le Greco, pour arriver à une conclusion : il n'y avait rien sur le Greco! Il me fallait écrire un livre sur ce peintre. Ce que j'ai fait en m'enfermant un mois à Menton chez une amie (...) J'envoie mon manuscrit à André Suarès, qui le trouve remarquable et me conseille de le faire parvenir à Emile-Paul, un éditeur susceptible de le publier. Ce dernier refuse (...) Deux ans s'écoulent, durant lesquels je fonde Cercle et Carré, je tombe malade puis je deviens metteur en page et correcteur dans une imprimerie franco-polonaise. Là, tranquille, je pouvais faire ce que je voulais . J'ai créé une société d'édition, Les Tendances nouvelles, et j'ai publié moi-même mon Greco. Tiré à mille exemplaires... qui ont été vendus en quinze jours!" (Michel Seuphor, Un siècle de libertés, entretiens avec Alexandre Grenier, Hazan, 1996, pp. 104-108).
La découverte du Greco, dont les tableaux lui apparaissaient comme des poèmes plastiques, resta indissociable de la redécouverte d'un certain élément religieux pour Seuphor, d'où la conclusion de son essai : "Greco c'est l'espoir de la prière, vague de passion qui se lance de la terre vers l'infini. Mouvement du rythme. Extase. Mondrian c'est la foi immuable de la prière, présence de l'infini dans la réalité terrestre. Etat abstrait du rythme. Stabilisation dans continuité. Image du monde dans sa plus simple expression à la fois spirituelle et matérielle. Equivalence de deux esprits, rapports entre deux époques, avènement." Dans sa recherche de l'ordre de l'univers et de l'architecture du monde, Seuphor réunissait Greco et Mondrian. A la fin du livre, des schémas dessinés de Seuphor réduisent les oeuvres du Greco à de simples épures géométriques, témoignant de cette aspiration spirituelle et ordonnée.