Au XIXe siècle,
Edouard Reynart fut la grande figure de ce qui ne s'appelait pas encore le musée des Beaux-Arts de Lille. Conservateur de 1841 à 1879 - après avoir été quelques années l'adjoint de
Bonnier de Layens, son prédécesseur -,
Reynart, qui ne conserva son poste en 1848 qu'au prix d'un renoncement à ses émoluments, va élever le musée de Lille "au tout premier rang de ceux de province" (Hervé Oursel) grâce à ses talents d'administrateur.
Son rôle dans la politique d'acquisitions du "Musée des Tableaux" s'avéra déterminant : de 1841 à 1875, le nombre d'oeuvres est ainsi passé de 188 à 715 numéros. Le catalogue de 1856 recensait déjà 295 oeuvres. Les relations de cet homme privilégié, peintre à ses heures, vont notamment favoriser les envois de l'Etat les plus audacieux :
Une Après-dînée à Ornans de Courbet (D. P. L. G. en 1849, n°168 du catalogue) et la
Médée de Delacroix (D. P. L. G. en 1838, n°161 du catalogue) demeurent aujourd'hui encore les plus fameux. Conséquence logique de cet accroissement des collections,
Reynart finit par obtenir l'accord de sa municipalité pour le déménagement des collections vers le deuxième étage de l'Hôtel de ville, beaucoup plus spacieux que l'ancienne chapelle des Récollets. "La Révolution de 1848", écrit
Reynart, "trouva notre collection prête à s'installer dans les magnifiques galeries que notre habile concitoyen, M.
Benvignat, venait de lui construire."
Contrairement à la quatrième édition de 1869 qui adoptera un classement alphabétique,
Reynart conserve encore en 1856 le classement par écoles nationales de peinture.
La préface de l'auteur présente par ailleurs un court mais précieux résumé de l'histoire du
musée de Lille depuis les années révolutionnaires.