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Manifeste Groupe du Lundi

Manifeste
Groupe du Lundi


s. ed., imprimerie Van Doorslaer, Bruxelles, le 1er mars 1937.


Mince plaquette sous couverture souple verte imprimée en noir avec deux agrafes, 6 pp.
Manifeste signé par Charles Bernard, Hermann Closson, Hubert Dubois, Paul Fierens, Marie Gevers, Michel de Ghelderode, Eric de Haulleville, Franz Hellens, Pierre Hubermont, Arnold de Kerchove, Grégoire Le Roy, Georges Marlow, Charles Plisnier, Robert Poulet, Camille Poupeye, Gaston Pulings, Marcel Thiry, Henri Vandeputte, Horace Van Offel, René Verboom, Robert Vivier.
Rare.
Bel exemplaire. Usure très légère des bords, une mouillure à peine visible sur le coin inférieur gauche du premier plat et trois corrections manuscrites de coquilles dans le corps de texte.



Livre non disponible
Presque ignoré par la presse française lors de sa parution en mars 1937, le Manifeste du groupe du Lundi reste l'un des textes les plus commentés de l'histoire de la littérature francophone de Belgique.


D'aucuns ont vu dans ce texte d'une extrême concision le passage symbolique d'une " littérature belge de langue française" à une "littérature française de Belgique." Cette condamnation du régionalisme littéraire, dont le rédacteur n'a toujours pas été identifié avec certitude, serait vraisemblablement l'oeuvre de Franz Hellens ou de Robert Poulet, auteur et théoricien du groupe qui finit plus tard par adhérer à des thèses fascistes, voire même de Pierre Hubermont, l'écrivain prolétarien. En rupture avec le "nous" collectif qui affirmait souvent la cohésion des manifestes, celui-ci offre un regroupement de signatures individuelles, 21 en l'occurence. Les signataires se composaient en effet de 7 écrivains flamands, dont Marie Gevers et Horace Van Offel, 7 auteurs wallons, tel Charles Plisnier, 6 Bruxellois, Hellens, Ghelderode..., et enfin Paul Fierens, qui lui, était né à Paris. Le critique et galeriste André de Ridder, Anversois de naissance et écrivain bilingue, avait refusé d'apposer sa signature à ce texte qui impliquait, selon lui, l'impossibilité de l'autonomie d'une littérature flamande par rapport à sa voisine des Pays-Bas. Le manifeste, qui entendait mettre fin à l'idée d'une littérature nationale en Belgique, était composé de quatre parties : "Qu'est-ce que les lettres belges?", "Littérature et nationalité", "Les moeurs et l'opinion littéraire" et "La question du régionalisme." A "l'erreur radicale" que constitueraient "l'état d'esprit particulariste","le pittoresque superficiel", "l'égalitarisme grossier" et "la pompe académique", les signataires opposent le caractère plus fondamental à leurs yeux de la "communauté de langue." Cette communauté entend faire prévaloir la langue sur la géographie ; elle érige en repoussoir le régionalisme littéraire qui constitue "sans contredit l'une des anomalies qui empêchent notre littérature de revêtir l'aspect qui lui convient et de tenir la place qu'elle mérite au sein des lettres françaises. " Derrière cette volonté polémique d'inscrire l'histoire des lettres belges dans le cadre plus général des lettres françaises se cachait également une lutte de légitimité à l'intérieur du milieu littéraire. Ce manifeste peut aussi apparaître comme une tentative de la nouvelle génération pour en finir avec la domination des anciens Jeune-Belgique, qui avaient fait du régionalisme littéraire leur credo depuis 1880. (Voir Reine Meylaerts, "1er mars 1937, Le Manifeste du groupe du Lundi" in Histoire de la littérature belge,1830-2000 Fayard, 2003)