Née aux Etats-Unis en 1887, l'historienne d'art Florence Ingersoll-Smouse a consacré l'essentiel de ses travaux au XVIIIe siècle français. Parue en 1912, sa thèse pour le doctorat d'université portait sur La sculpture funéraire en France au XVIIIe siècle. Une étude sur Joseph Vernet, peintre de marine avait précédé son maître-livre sur Pater. 

Soucieux de développer l'étude érudite de l'art de l'art du XVIIIe siècle, Georges Wildenstein (1892-1963) avait déjà publié trois monographies sur ce siècle dans sa collection "L'art français" : La Tour, par le peintre Albert Besnard, Les Lemoyne, par Louis Reau et Lancret, par lui-même ; Le Pater de F. Ingersoll-Smouse fut donc le quatrième ouvrage traitant de cette période édité par le grand marchand de la rue de La Boétie.

Peintre des fêtes galantes, Jean-Baptiste Pater (1695-1736) était né à Valenciennes comme Antoine Watteau, dont il fut le disciple indépendant. "Parmi les peintres de la Fête Galante, écrit G. Wildenstein, Pater marque très nettement son originalité. Dans sa personne, d'abord. Sa vie prouve une grande indépendance d'esprit : querelles avec les maîtres-peintres de Valenciennes, existence humble et travailleuse, indifférence aux honneurs officiels, tout vient le montrer."
"Si, plus encore que Lancret, Pater a imité son maître, il a néanmoins conservé une personnalité bien à lui.", confirme F. Ingersoll-Smouse. "C'est surtout un adorable coloriste, tenant de l'art des Flandres, dont les harmonies grises et roses qui contrastent avec le chaud coloris d'un Watteau, lequel descend à la fois des Vénitiens et de Van Dyck, inaugurent toute la tradition claire du XVIIIe siècle français."