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La vie terrible d Henry de Groux Baumann Emile

La vie terrible d'Henry de Groux
Baumann, Emile


Ed. Grasset, Paris, 1936.


In-8, demi-chagrin bleu, dos à nerfs, plats marbrés, couverture conservée, 286 pp.
 
Bon état. Dos légèrement frotté.



Livre non disponible
Fils du peintre belge Charles Degroux (1825-1870), Henry de Groux (1866-1930 ) devint peintre, sculpteur et écrivain. Son ami Léon Bloy a écrit que son destin était de compromettre toute chance qui s'offrait à lui, comme s'il était destiné à traverser l'existence à l'instar d'un personnage de Villiers de L'Isle-Adam. En plein symbolisme, l'existence chaotique et tourmentée de cet épigone tardif du romantisme n'est pas sans annoncer la conception moderne d'une vie conçue comme une véritable création artistique. Chez lui, "vie et fiction s'entremêlent au point de tisser parfois une réalité nouvelle, ou même de coïncider totalement, dans ces instants miraculeux où le monde perd son opacité. En pleine période symboliste, elle présage la position chère à quelques artistes surréalistes selon laquelle il existe, à côté de l'oeuvre peint, dessiné ou sculpté, un oeuvre vécu, auquel correspond une authentique construction artistique." (préface au Journal d'Henry de Groux, éd. Kime-Inha, 2007)) Il est toutefois difficile de distinguer, chez H. de Groux, ce qui relève de l'exécution d'un programme esthétique ou "de la traduction d'une orientation psychologique fondamentale." La démesure aristocratique du personnage le fait, en effet, constamment osciller entre le sublime et un grotesque teinté d'une paranoïa parfois aiguë. De cette vie "dramatique" vouée de manière consubstantielle au pessimisme baudelairien, Bauman aura été le premier et unique biographe en 1936. Devenu le gendre posthume de l'artiste, Bauman aura écrit cette vie qu'il qualifie de "terrible" sans avoir jamais rencontré Henry de Groux, ce qu'il admet dès les premières pages de son ouvrage. On a parlé parfois de biographie romancée pour ce livre aux accents tragiques écrit à partir de deux sources : le Journal d'H. de Groux et les souvenirs de sa veuve et de sa fille Elisabeth. "La question essentielle pour Bauman comme pour Marie de Groux, qui, il est vrai, devaient faire face à la légende encore vivante de l'artiste, était celle de ses sentiments religieux, dans une perspective que l'on qualifiera de bloyenne." (ibid.) En conséquence, l'audace formelle et l'originalité de son art passent presque au second plan dans ce livre, l'auteur s'appuyant sur l'exemple de Delacroix pour refuser toute résonance entre l'oeuvre peint et l'écriture du Journal, ce "monstre" de 18 volumes manuscrits qui occupa l'artiste de 1891 à 1930.