Ce dictionnaire a connu trois éditions : 1900, 1913 et 1920. Dans la préface à la première édition, Jean Justice écrivait : "De nos jours, le collectionneur ne se borne plus à réunir dans des vitrines ou des salons les objets les plus rares de l'industrie ou de l'art anciens. Il désire quelque chose de plus : il veut savoir l'origine ou la provenance de l'objet qu'il admire, et son goût de recherche augmentera encore, quand il aura appris que cette faïence qui décore si originalement son cabinet, n'est pas un produit quelconque d'un potier inconnu, mais que la main qui le signa fut celle d'un artiste renommée au service d'une fabrique célèbre. Or, de toutes les faïences anciennes, celle de Delft tient le premier rang, par son originalité, le nombre de ses pièces, leur variété, leur renom déjà si grand aux siècles passés. Refaire l'histoire de cette fabrication serait chose inutile et superflue après le magnifique ouvrage de M. Henry Havard sur cette matière. Mais ce qui n'a pas été fait, ce qu'aucun auteur n'a encore publié, c'est un manuel à la fois simple et complet -complet autant que possible- qui puisse être consulté avec fruit par les moins expérimentés en la matière et qui donne dans un ordre méthodique tous les renseignements historiques que l'amateur peut désirer. Permettre donc, aux collectionneurs, aux connaisseurs, aux simples curieux de retrouver rapidement et exactement la marque ou le monogramme d'une faïence de Delft, leur faire connaître sans phrase l'histoire de la fabrique à laquelle la faïence appartient : tel est le but du présent ouvrage. Nous avons divisé l'ouvrage en deux parties. Dans la première, nous passons en revue les fabriques dont l'enseigne est connue, nous donnons chronologiquement la liste et les marques des potiers propriétaires et de leurs décorateurs, en indiquant la date à laquelle, dans les actes anciens, on retrouve ces noms. Mais quiconque s'est occupé des faïences de Delft sait que la majeure partie des marques ne peuvent être attribuées aux grandes maisons et sont les signatures d'ouvriers isolés, non moins artistes et non moins originaux. Il fallait donc dresser aussi une table alphabétique de toutes les marques connues. C'est ce qui constitue notre seconde partie. On y retrouvera les marques des maisons signalées dans la première partie et celles des artistes non attachés à des établissements connus. C'est dans cette partie de notre travail qu'il nous a été permis surtout de faire oeuvre originale. Tout en suivant dans sa disposition générale l'oeuvre de Ris-Paquot, grâce à nos recherches personnelles nous avons eu l'occasion de signaler une foule de monogrammes qui ont échappé à nos devanciers ou de rectifier bon nombre d'inexactitudes. Le nombre des marques publiées sera ainsi porté au double : dans Havard, il y en a 236 ; dans Ris-Paquot le nombre s'élève à 366, y compris celles de Havard; notre travail en offre près de 700 [...] Nous nous estimerons heureux si ce travail, que nous avions d'abord entrepris pour notre usage personnel, réussit à orienter plus facilement les amateurs dans des recherches jusqu'ici souvent fastidieuses et ingrates. Gand, mai 1890."