L'historien de la Rome antique et le sculpteur s'étaient connus au début du siècle à Rome. Normalien et agrégé d'histoire, Jérôme Carcopino (1881-1970) avait rejoint l'Ecole française de Rome lorsque Bouchard, Premier Grand Prix de Rome de sculpture 1901, se trouvait encore à la Villa Médicis.  "Il était de tradition, écrit Carcopino, que la camaraderie des pensionnaires de la Villa Médicis et des externes du Palais Farnèse, se traduisit à chaque promotion nouvelle, dans un portrait, tableau ou médaillon, des nouveaux venus de l'Ecole française, exécuté selon leurs affinités électives, par leurs contemporains de l'Académie de France." Pierre Dautel fut ainsi chargé de fixer le profil du jeune agrégé sur une médaille. Lors d'une séance de pose, Bouchard surgit dans l'atelier de son ami graveur et retoucha de façon impromptue le portrait, intervention qui est à l'origine de l'amitié entre les deux hommes.
L'ouvrage a été publié à titre posthume. Outre cette amitié de jeunesse, le choix de Jérôme Carcopino, en 1965, n'est sans doute pas étranger aux convictions communes des deux hommes en faveur du régime de Vichy et à leur révocation respective à la Libération. Consacrée à l'éloge d'un monument aux morts de la Première Guerre, la phrase ultime de Carcopino prend des accents rétrospectifs de plaidoyer pro domo : "Toutes les fois que je me rends dans ma ville natale (Verneuil-sur-Avre), j'admire en passant ce groupe qui n'est si émouvant que parce que Bouchard y a immortalisé l'émotion dont il était lui-même étreint, sa pitié pour tant de souffrances et de sacrifices, sa fierté du courage splendide avec lequel les Français les ont affrontés pour le salut de la Patrie."