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Notice sur la vie et les ouvrages de Milhomme statuaire Grand Prix de 1801 Ne a Valenciennes Nord Publie au profit de ses petites nieces Mesdemoiselles Milhomme

Notice sur la vie et les ouvrages de Milhomme statuaire Grand Prix de 1801 Ne a Valenciennes Nord Publie au profit de ses petites nieces Mesdemoiselles Milhomme

Notice sur la vie et les ouvrages de Milhomme, statuaire. Grand Prix de 1801. Né à Valenciennes (Nord.) Publié au profit de ses petites-nièces
Mesdemoiselles Milhomme


Chez Mesdemoiselles Milhomme, 8, rue Saint-Joseph, Paris, 1844.


In-8, reliure postérieure, pleine toile de couleur rouille, pièce de titre cuir rouge, titre en lettres dorées, signet, 76 pp.
Rare.
Bel exemplaire. Quelques rousseurs.



Livre non disponible
Témoignage de piété familiale, cette courte monographie fut rédigée par les petites-nièces du sculpteur, vingt-et-un ans après sa disparition, alors que bien des aspects de son oeuvre semblaient déjà recouverts d'une chape d'oubli. "Nous persistons à croire qu'il a terminé beaucoup plus de travaux que nous n'en avons indiqué, reconnaissent les biographes, et nous fondons notre opinion sur ce que ses oeuvres ne sont venues à notre connaissance qu'une à une, et à force de recherches patientes."
Originaire de Valenciennes, le sculpteur François-Dominique-Aimé Milhomme (1758-1823) connut une carrière tardive qui ne lui permit jamais de sortir véritablement d'une "position précaire depuis son retour en France". Reçu dans l'atelier de Gilet, sculpteur de Valenciennes, Milhomme gagna l'atelier de Lebrun, à Paris, sur les conseils de son premier maître, mais les années révolutionnaires freinèrent sa destinée d'artiste : "Son père, intendant de M. de Sénac, gouverneur de la province de Hainaut, fut tellement atteint dans sa fortune par les événements, que ses enfants ne durent plus compter que sur eux-mêmes pour subvenir à leurs besoins [...] La génération d'alors vit s'écouler ses jeunes années dans les luttes. Aussi, quand le calme commença à renaître, Milhomme touchait à l'âge mûr, et il ne lui fut possible de concourir pour le prix de Rome, qu'à 38 ou 39 ans." Il concourut vainement en 1797 et 1798, victime, selon ses nièces, d'un "déni de justice" qui trouverait son explication dans sa collaboration avec l'orfèvre Auguste : "Milhomme s'attira la malveillance des membres de l'Académie, qui l'accusèrent de faire déroger l'art au profit de celui qu'ils appelaient un industriel." En 1801, malgré l'hostilité de Chaudet, il put finalement partager le Grand Prix tant convoité avecson confrère Marin pour son relief : Caïus Gracchus quittant sa femme Licinia. Milhomme partit pour Rome en 1802. "Il y a cela d'extraordinaire dans la vie de Milhomme, qu'il partit pour l'Italie à plus de 43 ans, et qu'il était dans sa 52e année lorqu'il en revint." Son retour lui permit de participer au Salon de 1810, afin d'y exposer sa statue en marbre de Psyché, oeuvre des années italiennes emblématique d'un néoclassicisme plus alexandrin que romain. Le buste d'Andromaque du Louvre, à l'instar de sa future Pleureuse, témoigne de cet art subtil de  tempérer un penchant mélancolique par une discrète suavité. Revenu trop tard en France pour pouvoir bénéficier des sculptures ordonnées par le pouvoir impérial pour le palais du Louvre, la colonne Vendôme et l'arc du Carrousel,  Milhomme vit certaines de ses principales commande publiques réduites à néant par les changements de programmes liés aux bouleversements politiques : ses travaux pour l'Arc de triomphe devaient ainsi rester lettre morte alors que sa statue du général Hoche (Salon de 1812), "ordonnée par l'Empereur pour être placée dans le Temple de la Gloire, redevenu depuis église de la Madeleine", échouait sur la place Dauphine à Versailles (en 1832) avant de trouver sa place, à la demande de Louis-Philippe, dans les galeries de Versailles, "admirable consécration de ce Temple de la Gloire, dans lequel le bel oeuvre de Milhomme a retrouvé sa première, sa véritable destination."
Les auteurs de cette brochure mentionnent le séjour qu'aurait effectué l'artiste dans sa ville natale, en 1809, épisode qui ne fut pas sans conséquences pour un autre sculpteur en devenir. Ce voyage fut, en effet, une aubaine pour le jeune Henri Lemaire, dont Milhomme aurait reconnu "les grandes dispositions", au point de lui faire accorder une pension pour lui permettre de poursuivre ses études sous sa propre direction, à Paris. "Et quoique M. Lemaire eût quitté l'atelier de Milhomme pour celui de Cartellier, nous devons dire que cet artiste, sans s'énorgueillir de la réputation qu'il s'est faite par ses travaux, ne manque pas de reconnaître et de rendre pleine justice au talent de son premier maître."
Milhomme propose également à la ville de Valenciennes d'exécuter une nouvelle statue de Louis XV afin de remplacer celle de son compatriote Jacques Saly, inaugurée en 1752 et détruite sous la Terreur. "Mais par une fatalité qui le poursuivit impitoyablement, la disette de 1816 et de 1817 survint et obligea la ville à employer les fonds destinés au monument, à acheter des grains pour les indigents. Les conventions faites avec Milhomme furent donc rompues" et le modèle fut placé dans le musée de la ville.
En 1822-1823, "Milhomme aurait dû se trouver combler des dons de la fortune [mais] il ne jouissait en réalité d'aucun bien-être, et c'est à grand'peine qu'il pouvait satisfaire les besoins de chaque jour." Ces derniers moments furent adoucis par "les bons offices de M. Cramail", architecte de la chapelle sépulchrale de Dreux.
Et les descendantes du sculpteur de conclure : "Nous dirons, en terminant, que sous le rapport de son art, Milhomme avait plus qu'un beau talent ; c'était un artiste de génie, et c'est à juste titre que la ville de Valenciennes se trouve honorée de lui avoir donné le jour, et le met au nombre des hommes qui ont le plus fait d'honneur à leur pays natal."