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Old England 1869 1879 Guillemot Ernest

Old England (1869-1879)
Guillemot, Ernest


Degorce-Cadot, éditeur, Paris, 1879.


In-12, demi-chagrin, dos à cinq nerfs orné de fleurons, titre en lettres dorées, 302 pp.
 
Bon état. Légers frottements sur le dos, coins émoussés, intérieur très frais.



Livre non disponible
Ernest Guillemot (1825-1892) a traduit nombre d'écrivains anglais, de Shakespeare à Sheridan, mais il est surtout resté dans les mémoires pour ses traductions d'oeuvres D'Edgar Allan Poe. La fortune de Poe avait longtemps été liée à celle de Baudelaire, mais à partir des années 1880 une série de traductions nouvelles devaient révéler au public français les oeuvres encore inconnues de l'écrivain américain. En 1884, Guillemot consacrait ainsi chez l'éditeur Degorce-Cadot un recueil à Poe, qui comprenait la traduction d'un certain nombre de contes et différents fragments inédits. "La traduction de Baudelaire, dit M. Guillemot, faite en plein engouement de littéralité, se trahit un peu trop comme telle [...]. L'auteur du présent essai à voulu voir si la langue française est aussi impuissante à lutter avec les anglicanismes de Poe que le succès du premier traducteur pourrait le faire supposer." (La Rive gauche, 1881)
Ces préoccupations littéraires et linguistiques ne sont pas étrangères à l'intérêt que peut procurer aujourd'hui encore la lecture de cet ouvrage sur l'Angleterre contemporaine ("L'anglais est une langue pratique, écrit l'auteur, et le français une langue esthétique. Cela seul suffirait pour expliquer la différence de leur rôle dans la société moderne."). Dans ce regard français pénétré de Balzac, on trouvera surtout une sorte de physiologie sociale londonienne qui n'est pas sans faire penser au travail pictural du peintre anglomane Tissot sur la vie londonienne de ces mêmes années. Tel un flâneur qui mettrait à profit sa posture d'observateur, Guillemot dresse le portrait presque darwinien de la "bataille de la vie" à Londres.
De la peinture à la littérature, de l'architecture à la musique, les considérations artistiques participent également de la description de ce spectacle social. Les préjugés de l'auteur -qui sont légion- renforcent paradoxalement de nos jours l'attrait de l'ouvrage :  "la manie du préraphaélisme, affirme ainsi Guillemot, nous semble avoir porté un coup fatal à l'art des Constable, des Reynolds, des Wilson et des Gainsborough." Byron, quant à lui, ne fut jamais que "l'inaugurateur de l'ère des charlatans, qui brille encore d'un si grand éclat des deux côtés du détroit. N'a pas mal fait de se griser dans des crânes humains, et de mourir en costume de Palicare."