A la tête de l'administration des Beaux-Arts pendant 28 ans, service qu'il dirigea même de 1919 au 1er janvier 1933, Paul Léon (1874-1962) a incarné la politique artistique des pouvoirs publics français sous la IIIe République, de 1905 à 1934. Normalien, ce personnage incontournable a été également membre de la Commission des Monuments Historiques pendant plus de 50 ans. Cette longévité exceptionnelle en fait un acteur privilégié des réflexions doctrinales et des actions pratiques mises en place pendant la première moitié du XXe siècle par ses services. Dans La vie des monuments français, destruction, restauration (Picard), il fut qui plus est l’historiographe du service des Monuments Historiques.

En 1933, il devint professeur au Collège de France, en charge de la chaire d'Histoire de l'art monumental. Révoqué par les lois raciales anti-juives de 1941, P. Léon se réfugia en zone libre jusqu'à la fin de la guerre. C'est justement à Bandol, en 1942, qu'ont été écrites les premières pages de ses Souvenirs : "En octobre, atteint par les lois raciales, je dois cesser mes fonctions. Ma vie publique est finie. La vraie retraite commence, dans le frais vallon de Royat, où devant les graves menaces et les misères de chacun, l'évocation du passé devient, au soir de la vie, un refuge pour la pensée et un conseil pour l'action."