Autobiographie artistique et spirituelle, Le Tourment d'un moine peintre, restitue les étapes de l'existence de Jan Verkade (1868-1946), peintre néerlandais venu en France en 1891. Grâce à son compatriote Meyer de Haan, il fit la connaissance de Gauguin et rejoignit ensuite Pont-Aven. Protestant, Verkade se rapproche du catholicisme et demande à recevoir le sacrement du baptême en 1892. Il est admis alors dans le tiers-ordre franciscain en Italie. A Fiesole, il découvre l'école d'art sacré de Beuron et entame une correspondance avec le Père Lenz, chef de file de cette école fondée sur les proportions mathématiques. Aux yeux de Lenz, "le nombre est quelque chose de divin" ; il faut en conséquence que les arts plastiques puisent "l'harmonie sur les rapports de nombre". En 1894, Verkade rejoint l'abbaye bénédictine de Beuron en tant qu'artiste-oblat. Initié aux principes édictés par le Père Lenz, il consacrera son existence à la réalisation de divers décors d'édifices religieux.

En 1903, Maurice Denis s'était rendu avec le peintre nabis Sérusier à l'abbaye de Beuron puis au Mont Cassin afin de rendre visite au moine-peintre Verkade et étudier sur place les oeuvres et les principes formels qui animaient l'école d'art sacré de Beuron. Denis a immortalisé le souvenir de ces longues discussions théoriques entre Verkade et le père Lenz dans une peinture de 1904 : Les moines de Beuron, qui met en avant l'esprit communautaire qui liait les religieux.
En 1919, Denis fondait avec Desvallières les Ateliers de l'Art Sacré. Sa préface chaleureuse à l'édition française de  l'autobiographie de Verkade s'explique donc aisément ; l'édition néerlandaise avait paru en 1919 sous le titre : Van Ongebondenheid en heilige banden. "La conversion de notre camarade Jean Verkade, écrit Denis, ce grand garçon si peu mystique, si ardent à vivre, fut un des événements de notre jeunesse. Le souffle de l'Esprit nous enlevait inopinément un joyeux compagnon dont nous aimions le talent et le caractère [...] Tout le long de ma vie, les lettres du Père Verkade m'ont apporté des joies, des encouragements, des clartés : les jours que j'ai passés auprès de lui, à Beuron et au Mont-Cassin, ne me laissent que de bienfaisants souvenirs. L'amitié du Père Verkade est une de ces grâces dont je ne me lasse pas de remercier la Providence de Dieu.
"Comment, au juste, par quelles démarches cette conversion s'est-elle faite? C'est, à la vérité, poursuit Denis, ce dont nous ignorions le détail avant d'avoir lu ce livre. On trouvera ici une confession et une histoire : l'histoire d'une génération, la génération symboliste, et l'histoire d'une âme [...]"